Chauffer une piscine avec des ordinateurs, c’est désormais possible. Depuis le 16 mai dernier la piscine de la Butte-aux-Cailles, dans le 13ème arrondissement de Paris, est la première piscine au monde chauffée grâce à un data center.
C’est suite à un appel à projet lancé en 2015 par la Mairie de Paris, que la start-up Grenobloise Stimergy a été retenue. Son idée : récupérer la chaleur dégagée par des serveurs informatiques pour chauffer l’eau.
Christophe Perron, président fondateur de Stimergy, a séduit le jury par le gain de place que permettent les serveurs par rapport à des chaudières classiques, et surtout pour son économie d’énergie (250 mégawatts).
Des économies à plusieurs niveaux
Avec 45 kW de puissance en plein fonctionnement, les six chaudières numériques permettent de maintenir l’eau du bassin à même température, tout au long de l’année mais sont insuffisantes pour chauffer l’eau des bassins, après une vidange notamment. Au total, 15 % à 20 % des besoins pourraient ainsi être couverts (le reste de chaleur étant fourni par le réseau CPCU).
« Cette énergie renouvelable peut également être classée « récupérable » parce qu’elle n’engendre aucun surcoût environnemental. Cela permet d’économiser 45 tonnes de CO2 par an », indique Arnaud Guillen de Stimergy. A cela, on peut rajouter les 20 tonnes qui auraient été émises s’il avait fallu climatiser les serveurs informatiques.
« Cette innovation vient compenser l’extension de l’utilisation pour répondre aux aspirations des usagers, avec la décision d’ouvrir au public en hiver, ce qui a des conséquences en matière d’énergie », a souligné le maire du 13ème arrondissement, Jérôme Coumet.
Stimergy revend la chaleur 15 à 20 % moins cher que la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), fournisseur d’énergie de l’établissement. L’entreprise spécialiste des chaudières numériques revend à la mairie de Paris 8 à 9 centimes le kWh.
De la chaleur recyclée par des serveurs
Dans le sous-sol de la piscine, des serveurs transfèrent de la chaleur dans les bassins intérieur et extérieur. Un système qui fonctionne 24 heures/24 pour les deux piscines ouvertes toute l’année pour une eau à 27°C.
Pour garder l’eau du bassin extérieur de 25 mètres de long à cette température, même en hiver, l’utilisation de la chaleur produite par les serveurs informatiques est judicieuse. Ces derniers, immergés dans un bain d’huile, sont couplés à un système de chauffage de la piscine par un jeu d’échangeurs.
Un projet bénéfique pour TeamTO
Le datacenter de la Butte aux Cailles a d’ores et déjà un client : le studio d’animation français TeamTO qui se préoccupe du coût carbone de la puissance de calcul qu’il doit mobiliser pour concevoir ses dessins animés. « Du fait de la croissance régulière de notre activité, nos besoins doublent tous les ans », précise le directeur technique, Jean-Baptiste Spieser.
Seuls quelques serveurs ont pour l’instant été installés dans le 13ème arrondissement en phase de test, mais la demande ne manque pas. « Notre client aurait besoin d’une vingtaine de piscines », résume Christophe Perron, président-fondateur de Stimergy.
Pour TeamTO, ce système lui permet également d’économiser de l’énergie. En effet, selon Christophe Perron « Nous n’avons plus besoin d’ajouter un système de climatisation pour nos serveurs grâce à ce système car la chaleur repart vers les bassins ». Du fait d’une très faible perte d’énergie, le rendement de leur data center est évalué à 95 %.
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