Entre ouragans, inondations, sécheresses et incendies, l’année 2017 s’illustre par une succession alarmante de catastrophes naturelles. En 2016, c’est suite à cela que 23,5 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur terre et leur foyer.
La COP23 qui démarre le 6 novembre à Bonn (Allemagne) sera sûrement amenée à traiter la question des « déplacés » climatiques, ces populations poussées au départ en raison de l’intensification des tempêtes et ouragans, des épisodes de sécheresse et de la violence des moussons, ou frappées par des phénomènes moins brutaux mais tout aussi destructeurs, comme la montée des eaux.
L’ONG internationale Oxfam, qui a publié le 2 novembre son premier rapport sur les « Déracinés par le changement climatique », estime que 23,5 millions de personnes ont été contraintes de tout quitter en 2016 à la suite de catastrophes naturelles extrêmes.
Sur la période 2008-2016, cadre de l’analyse des experts d’Oxfam, ce sont en moyenne 21,8 millions de personnes qui ont dû, chaque année, fuir leur foyer.
Et il faut s’attendre à des données encore plus alarmistes de ces chiffres étant donné que « la montée des eaux, l’évolution des précipitations et d’autres changements réduisent les moyens de subsistance et augmentent le risque de voir, à l’avenir, beaucoup plus de gens se déplacer », précisent les auteurs de l’étude.
Aucun continent n’est épargné
Et aucun continent ne serait épargné selon l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC).
L’état des lieux publié mardi 31 octobre par la revue médicale britannique The Lancet, en partenariat avec vingt-quatre institutions internationales dont l’Organisation météorologique mondiale (OMM), ne rassure guère sur les perspectives à venir.
Le nombre d’événements météorologiques extrêmes a augmenté de 46 % dans le monde depuis 2000, selon l’OMM.
Plus de 1 milliard de personnes pourraient être amenée à migrer, d’ici à la fin du siècle, en raison du réchauffement climatique, avance également la synthèse du Lancet Countdown on health and climate change (Compte à rebours sur la santé et le changement climatique, un groupe de recherche publiant un rapport annuel).
Un enjeu pour les Nations-Unies
La COP23 devrait être sensible à cette situation, « cette COP sera l’occasion de donner la parole aux pays à revenu faible, qui sont les plus vulnérables aux impacts du changement climatique », pressent Simon Bradshaw, d’Oxfam Australie, coauteur du rapport.
« Ce que nous voulons, c’est transmettre un sens de l’urgence pendant la COP23, déclare de son côté la négociatrice en chef des îles Fidji, Nazhat Shameem Khan. En tant qu’Etat insulaire, nous sommes aux premières loges pour ressentir les effets du réchauffement climatique. »
L’urgence est double. Les populations victimes ou menacées de déplacement attendent un soutien de la communauté internationale pour financer leurs stratégies d’adaptation aux effets du changement climatique.
Elles espèrent aussi que le mécanisme financier dit de « pertes et dommages », prévu par l’accord de Paris de 2015, se précisera et aboutira au plus vite à un système d’indemnisation des pays les plus vulnérables au dérèglement climatique.
Autre aspect fondamental, il existe aujourd’hui un vide juridique auquel sont confrontées les personnes poussées au départ. Le statut de réfugié défini par la Convention de Genève de 1951 s’applique aux réfugiés politiques, elle ne convient pas aux déplacés climatiques, qui restent le plus souvent dans leur pays.
« Il faut développer de nouvelles normes, analyse Simon Bradshaw. C’est l’enjeu du pacte mondial pour les migrations qui doit être adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2018. »
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