La biodiversité a occupé une place importante dans l’action du ministère de la transition écologique et solidaire au mois d’octobre. Il a été rappelé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) que sans remettre en cause l’impact du développement des énergies renouvelables sur l’environnement, il est préconisé une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les politiques énergétiques.
Une étude de littérature parue dans Renewable and Sustainable Energy Reviews, vulgarisée par la FRB montre l’importance de prendre en compte les impacts liés aux énergies renouvelables sur les espèces et les écosystèmes le plus en amont possible.
Nécessité de traiter biodiversité et réchauffement climatique conjointement
Cette perte de biodiversité ne sera pas abordée lors des discussions de la Cop 23 qui s’ouvre ce lundi à Bonn en Allemagne. Lors de ces conférences annuelles organisées par l’ONU, on parle avant tout de réchauffement climatique et des actions à mettre en place pour répondre aux Accords de Paris sur le climat et qui visent notamment à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Pourtant, de plus en plus de voix, au sein de la communauté scientifique, appellent à ne plus traiter à part les deux nécessités que sont la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité. « Ou du moins à prendre conscience que les mesures adoptées pour la première peuvent avoir des conséquences négatives sur la seconde », glisse Jean-François Silvain, président de la FRB, une fondation de coopération scientifique qui favorise la recherche sur la biodiversité.
Aucune filière renouvelable ne tire son épingle du jeu
Le constat est qu’il n’existe pas de filière d’énergie renouvelable qui n’ait aucun impact sur la biodiversité, même si elles sont implicitement considérées comme favorables à l’environnement.
La FRB fait ainsi état des effets négatifs de chaque filière renouvelable (solaire, éolien, hydroélectricité, bioénergie, géothermie et énergies marines) sur la base de plus de 500 études scientifiques consacrées à ce sujet : perte ou modification d’habitats, pollutions, conflits d’usages de l’eau, invasions biologiques, etc.
L’impact le plus important est constitué par la perte ou la modification des habitats, en particulier du fait de la construction de structures auxiliaires telles que les routes. Mais d’autres effets négatifs sont recensés comme la mortalité directe des oiseaux par collision, la pollution, la migration de certaines espèces de poissons bloquée par les barrages et centrales hydroélectriques ou la modification des microclimats qui perturbent les écosystèmes, rapporte la Fondation.
Les pressions sur la nature varient toutefois considérablement selon les filières et les contextes environnementaux étudiés. Les impacts négatifs sur les écosystèmes sont davantage établis pour l’hydroélectricité et l’exploitation de la biomasse végétale que pour les filières solaire, éolienne, énergies marines et géothermie.
Des compromis nécessaires
Il n’y pas de remise en question du développement des filières renouvelables puisque « la logique fondamentale de la promotion des énergies renouvelables présente des avantages environnementaux et socioéconomiques élevés » mais la FRB souhaite mettre en lumière leurs impacts négatifs potentiels sur la biodiversité et les écosystèmes qu’elle juge « sous-estimés ».
Une meilleure prise en compte de la protection de l’environnement est attendue dans l’action publique du ministère de la transition écologique et solidaire. « Je tiens à ce que la société française accorde autant d’importance à la reconquête de la biodiversité qu’elle en donne à la lutte contre le changement climatique. » postait Nicolas Hulot sur sa page Facebook le 31 octobre.
Le ministre de la Transition écologique et solidaire appelle à une réaction collective pour ne pas « devenir les dinosaures modernes de l’histoire », une allusion à la sixième extinction d’animaux que plusieurs scientifiques disent en cours, l’avant dernière ayant conduit à la disparition des dinosaures.
« Le choix de technologies moins impactantes, la planification en amont incluant des procédures de préservation de la biodiversité ou la mise en place systématique d’éléments favorables à la biodiversité au sein ou autour des infrastructures est aussi recommandé », rapporte la FRB. Un autre axe d’amélioration réside dans l’acquisition des connaissances scientifiques sur les impacts réels des énergies renouvelables sur les espèces et les habitats, et le développement d’outils d’évaluation.
Jean-François Silvain note tout de même peu à peu du mieux. Le 5 octobre, la FRB organisait un colloque sur les « liaisons dangereuses » entre biodiversité et énergies renouvelables. « Nicolas Hulot a assisté à une partie des débats, de même que des représentants de grands acteurs des énergies renouvelables », pointe le président de la fondation. Preuve d’une certaine prise de conscience.
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