En France, 68% des poules pondeuses sont encore élevées dans des cages. Mais suite aux actions de L214, la grande distribution, la restauration et les industriels s’engagent à bannir les œufs provenant de ces élevages dans leur approvisionnement d’ici 2025 au plus tard. Les élevages doivent se préparer à ces nouvelles attentes.
Tous les géants de la grande distribution se sont engagés à ne plus vendre des œufs de poules élevées en cage d’ici 2025.
La coalition mondiale Open Wing Alliance, dont L214 est le représentant français, regroupe les associations pour mettre fin à l’élevage en cage dans le monde. Sous son impulsion, Carrefour vient d’étendre son engagement à l’ensemble de ses 9.500 magasins en Europe, d’ici 2025. D’autres enseignes sont déjà engagés, partout dans le monde.
Une filière qui se réorganise
Les engagements ne portent cependant pour la plupart que sur les œufs destinés directement à la consommation. Mais environ 40 % de la production française part vers l’industrie agroalimentaire dont les produits transformés (pizzas, gâteaux, pâtes, etc.), nécessitent d’utiliser des œufs ou des ovoproduits, c’est-à-dire sans leur coquille. Il est donc important que les grandes marques s’engagent également à bannir ces œufs de leurs produits transformés.
Le signal envoyé à tous les éleveurs semble désormais clair. Il ne faut plus investir dans les cages, car la demande n’existera bientôt plus. Il faut au contraire consacrer son argent au plus vite aux modes d’élevages alternatifs. Le message est passé et ces différents engagements commencent à porter leurs fruits. Le 9 novembre, le leader français des œufs coquilles Matines a annoncé sa réorganisation. Actuellement, le groupe produit environ 70 % d’œufs de poules élevées en cages et 30 % d’œufs issus d’élevages en plein air et bio. Il souhaite à terme inverser cette proportion.
La question des poules en « fin de carrière »
Dans les élevages, les poules pondeuses sont tuées au bout de 18 mois. Elles accusent à ce moment-là une baisse de leur taux de ponte. Jugés non rentables, quel que soit la méthode d’élevage, les gallinacés sont envoyés illico à l’abattoir. Pourtant, les animaux, en pleine forme, peuvent vivre six ou sept ans en moyenne, voire parfois dix pour les plus robustes.
Cette situation a interpellé les créateurs de la start-up PouleHouse. « C’est en recueillant quelques poules à l’été 2016 que Fabien Sauleman a eu l’idée de la start-up », précise Sébastien Neusch, directeur général de l’entreprise.
Depuis la création de l’entreprise en février 2017, PouleHouse est devenue propriétaire de 9 000 poules. « Pour l’instant, elles produisent chez leurs éleveurs car le refuge situé dans le Limousin est en cours d’achat. On a signé un contrat avec 4 éleveurs basés en Normandie, en Eure-et-Loir, en Picardie et dans le Loiret, détaille Sébastien Neusch. On leur achète leurs œufs bio plus chers que le prix habituel et ils s’engagent en échange à ne pas envoyer leurs poules à l’abattoir ». D’ici à la fin de l’année, PouleHouse devrait être capable de produire 50 000 œufs par semaines, soit 2,6 millions par an. Une goutte d’eau sur le marché français qui produit 15 milliards d’œufs chaque année.
Début septembre, l’entreprise Biocoop a commencé à commercialiser les œufs. « Auparavant, des tests consommateurs en magasins ont été menés. Cela a été concluant. Ensuite, on est entré dans leur programme, Les jeunes entreprises bio, qui accompagne le lancement de sociétés comme la nôtre. Je crois qu’ils avaient envie d’être les premiers à commercialiser nos produits », témoigne Sébastien Neusch.
La boite au dessin rectangulaire est attrayante, mais le prix élevé (6€ les 6 œufs) pourrait refroidir des consommateurs. « C’est le prix de la cotisation retraite pour les poules !», justifie drôlement Sébastien Neusch. C’est aussi le prix à payer pour obtenir un produit garantie respectueux des animaux.
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