La dernière mise à jour de la Liste rouge des espèces menacées en France métropolitaine montre une aggravation de la situation des mammifères : près d’un tiers d’entre eux sont menacés ou quasi menacés, contre un quart en 2009.
Le bilan réalisé porte sur le risque de disparition de l’ensemble des mammifères terrestres et marins recensés sur le territoire métropolitain. Après une analyse de la situation de chacune des 125 espèces, les résultats montrent que 17 espèces sont menacées et 24 autres quasi menacées.
Menées dans le cadre de la Liste rouge nationale, les évaluations ont été conduites par le Comité français de l’UICN et le Muséum national d’Histoire naturelle, en partenariat avec la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Les mammifères terrestres et marins victimes de multiples menaces
Ainsi, le Vison d’Europe devient l’un des mammifères les plus menacés avec une population passée sous la barre des 250 animaux présents sur le territoire. Il passe en « danger critique ». La concurrence avec le Vison d’Amérique (importé pour sa fourrure), ainsi que la destruction des zones humides où il évolue restent les principales sources de son déclin. On y retrouve également le piégeage accidentel, les collisions routières et les empoisonnements indirects. Des actions de protection sont à opérer d’urgence pour éviter sa disparition.
L’intensification des pratiques agricoles ainsi que la transformation des paysages causent la perte d’habitats essentiels pour les Putois d’Europe ou le Lapin de Garenne qui sont les premiers à pâtir de la destruction des bocages ou des haies. Les pesticides sont également dans le collimateur car ils amenuisent les ressources alimentaires des espèces insectivores.
Pour les chauves-souris, en plus de ces causes, on retrouve également une menace due à la rénovation et l’isolation des bâtiments qui leur servait de gite. Les éoliennes sont mises en cause du fait des collisions avec les pales.
L’ours, le loup et le lynx restent menacés principalement à cause du braconnage.
De multiples menaces pèsent sur les mammifères marins, dont la pollution sonore due au trafic maritime, la pollution chimique, les captures « accidentelles » par des chaluts pélagiques, ainsi que la surpêche qui réduit les ressources alimentaires.
De bons résultats observés là où des efforts de conservation ont été faits
C’est ainsi que pour la Loutre d’Europe et le Bouquetin des Alpes de réels progrès ont été obtenus grâce à une action efficace des pouvoirs publics et des associations de protection de la nature. En situation précaire il y a encore quelques décennies, la Loutre a aujourd’hui recolonisé de vastes secteurs dans la plupart des régions. Et après avoir quasiment disparu de l’arc alpin français, le Bouquetin des Alpes a désormais repeuplé plusieurs départements. A l’avenir, grâce au programme de réintroduction engagé depuis 2014 dans les Pyrénées, le Bouquetin ibérique sera peut – être le prochain à sortir des espèces menacées de la Liste rouge.
De manière générale, pour inverser la tendance négative constatée, il apparaît indispensable d’enrayer la dégradation des milieux naturels, de restaurer les zones humides et les bocages, et d’agir pour le maintien de zones d’agriculture extensive. Il est aussi essentiel de veiller à concilier transition énergétique et préservation de la biodiversité, afin de répondre au défi du changement climatique tout en sauvegardant les espèces et leur environnement. Pour les mammifères les plus menacé s, des efforts ciblés doivent également être déployés pour développer des plans nationaux d’actions et renforcer ceux qui ont été engagés.
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