Adopté fin 2015, entré en vigueur moins d’un an plus tard et à ce jour ratifié par 169 pays, l’accord de Paris impose un cadre à la lutte contre le réchauffement climatique, sans toutefois fixer d’objectif contraignant décliné par pays.
La communauté internationale s’est engagée à limiter la hausse de la température à 2°C et à poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C, par rapport au niveau d’avant la Révolution industrielle.
Une hausse limitée à 1,5°C a été difficile à faire valider par les pays les plus exposés, et nombre d’experts doutent de sa faisabilité. Le Giec, le groupe des experts climat de l’ONU, doit produire à l’automne 2018 un rapport sur cette question.
Quel que soit l’objectif retenu, il reste très ambitieux compte tenu des concentrations record de gaz à effet de serre (GES) dans l’air, très persistants, et du niveau des émissions, pas encore stabilisées. Le Giec estime qu’il faudrait réduire ces émissions de 40 à 70% entre 2010 et 2050 pour rester sous 2°C.
L’accord de Paris fait seulement apparaître comme mention la recherche d’un plafonnement des émissions dans les meilleurs délais, pour arriver à des réductions rapides par la suite.
Ainsi, dans la deuxième partie du siècle, un équilibre entre émission et absorption des GES sera recherché via la fin des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), ou le captage de CO2 (non testé jusque lors), ce qui permettra de continuer à les exploiter.
La réalisation de ces plans nationaux éviterait les catastrophiques +4/5°C prévisibles en l’absence de politiques climatiques, mais laisse malgré tout la planète sur une trajectoire dangereuse de plus de 3°C.
Les pays doivent renforcer leurs engagements
Sur la base du volontariat, un « dialogue » et un bilan global sont prévus en 2018, avec l’idée de relever les contributions nationales dès 2020. En effet, l’accord prévoit une première révision obligatoire en 2025, mais cette date semble trop tardive pour respecter les 2°C. Le texte pose ensuite une révision à la hausse des engagements nationaux tous les 5 ans.
L’accord prévoit que les pays rendent compte de leurs actions et résultats. Une certaine flexibilité est prévue pour les pays plus pauvres. Mais contrairement au protocole de Kyoto, l’accord ne pose pas d’objectif contraignant décliné par pays : chacun s’est fixé ses propres objectifs, pour 2025 ou 2030.
Mais les règles précises de cette « transparence » doivent encore être décidées. Quelles informations inclure dans les plans nationaux ? La transparence concerne aussi l’aide financière des pays riches aux pays en voie de développement.
Les pays ont jusqu’à la COP24, prévue du 3 au 14 décembre 2018 à Katowice (Pologne), pour s’accorder sur ces points stratégiques.
Venir en aide aux pays les plus pauvres
En 2009, les pays riches avaient promis que leur aide atteindrait 100 milliards de dollars par an en 2020, pour permettre aux pays les plus pauvres de financer des infrastructures énergétiques propres et de s’adapter aux impacts du réchauffement.
Dans le texte de Paris il est précisé que cette somme n’est qu’un « plancher » et qu’un nouvel objectif devra être fixé d’ici 2025.
De nombreux pays en développement réclament « une feuille de route » précise sur la hausse de cette aide, à la fois avant et après 2025. Une estimation publiée en octobre 2016 par l’OCDE et une quarantaine de pays estime que, sur la base des engagements déjà annoncés, l’aide publique atteindrait 67 milliards annuels en 2020.
En ajoutant les effets de levier sur le privé, les financements totaux iraient de 77 à 133 milliards de dollars en 2020.
Cette somme de 100 milliards est à comparer avec les 3 à 4.000 milliards de dollars nécessaires, selon le think tank New Climate Economy, pour assurer une transition vers des économies « bas carbone », ce qui ne pourra se faire rapidement qu’avec une réorientation massive de la finance mondiale.
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