Un tiers des foyers français tend à faire davantage attention à sa consommation de protéines animales et se déclare flexitarien.
C’est ce que rapportent les résultats de la dernière étude de l’échantillon de consommateurs Kantar Worldpanel, dévoilée le 29 novembre. Un tiers des foyers français comporterait au moins un « flexitarien », c’est-à-dire un individu qui réduit sa consommation de protéines animales (viande, poisson, œufs, laitages). Ce chiffre est passé de 25 % en 2015 à 34 % aujourd’hui, mais serait en stagnation depuis 2016.
Kantar Worldpanel se focalise depuis trois ans sur un échantillon de 12 000 foyers et évalue leurs pratiques flexitariennes, végétariennes (régime qui bannit viandes et poissons) et végétaliennes (régime qui proscrit tout produit animal).
Manque de définition du terme flexitarien
La stagnation de la proportion de flexitariens, peut paraître étonnante puisque le marché des protéines végétales est en plein essor. Julia Burtin, responsable des études à Kantar Worldpanel l’affirme : « Elle reste néanmoins très élevée. Mais elle n’indique pas que les individus peuvent avoir encore diminué leur consommation de protéines animales en 2017. Ce qui est probable puisque le marché de la viande continue d’être en repli. »
La difficulté, selon la responsable des études, réside dans le manque de précisions du terme flexitarien. En l’absence de données chiffrées qui feraient consensus (nombre de repas à base de produits animaux par semaine, quantités de protéines, etc.), l’institut s’est basé sur la perception qu’ont les Français de l’évolution de leur consommation.
Deux grands groupes de consommateurs ont été répertoriés à la suite de cette étude. Les premiers, les « biocitoyens », achètent davantage des produits issus de l’agriculture biologique et sont sensibles à la cause environnementale et animale. Quant aux seconds, les « self control », prêtent attention à la composition nutritionnelle des aliments. Le prix de la viande serait également une des raisons de la diminution de la consommation.
Le point commun entre ces consommateurs est l’appartenance à la classe moyenne aisée, le fait que 57% d’entre eux aient plus de 50 ans et qu’ils vivent plutôt en région parisienne, dans le Sud-Ouest et le Sud-Est. Cependant, on note un nouvel engouement pour les moins de 35 ans qui sont désormais 19 % à se déclarer flexitariens contre 14 % en 2015. « La tendance devrait donc se poursuivre, car nous gardons nos comportements d’achats en vieillissant », note la responsable des études.
Recul du marché de la viande
Les flexitariens sont malgré tout encore 96 % à acheter de la viande, mais la choisissent de meilleure qualité.
La viande reste un incontournable de l’assiette des foyers français. Les aliments d’origine animale restent présents dans 74 % des paniers d’achat.
A l’inverse, les produits végétaux affichent une forte croissance, une opportunité à laquelle l’industrie agroalimentaire n’a pas su résister. Les grandes marques, la grande distribution et les spécialistes de la viande (Fleury Michon et Herta) ont ainsi sorti leurs différents substituts afin de répondre à la forte demande.
« L’intérêt de ces produits est de rééquilibrer notre alimentation, juge Jean-Michel Chardigny, spécialiste des protéines à l’Institut national de la recherche agronomique. Actuellement, nous consommons deux tiers de protéines animales contre un tiers de végétales, alors qu’il faudrait atteindre 50-50 selon les recommandations sanitaires. »
Ces chiffres s’accordent aux recommandations de Terra Nova qui appelait récemment les Français à diviser par deux leur consommation de chair animale d’ici à vingt ans.
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