Deux ans après que le monde – moins quelques éléments – s’est engagé à lutter contre le réchauffement climatique, un triste constat s’impose. Les actions engagées ne sont pas suffisantes. Et les perspectives d’évolution guère plus réjouissantes. Le maintien de la hausse des températures globales sous la barre des 2°C étant toujours – et plus que jamais – d’actualité, tous les acteurs doivent contribuer à cet objectif : les Etats, les citoyens et les entreprises. Ces dernières, d’ailleurs, ont semble-t-il pris conscience de leur empreinte carbone et commencent, pour certaines, à agir afin d’y remédier.
En octobre 2017, le Carbon Disclosure Project (CDP), une plateforme de communication environnementale à but non lucratif, rendait un rapport dans lequel il affirmait que, désormais, neuf multinationales sur dix possédaient des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Parmi celles-ci, 20 % se sont fixées des objectifs de long terme, allant au-delà de 2030, alors qu’elles n’étaient que 14 % l’an dernier. Surtout, les entreprises « s’alignent de plus en plus sur les niveaux de réductions d’émissions carbone considérés comme nécessaires par les scientifiques pour éviter des changements climatiques dangereux » d’après le CDP.
« Dispositifs pertinents »
Des actions positives à nuancer légèrement cependant. La plateforme environnementale note qu’il reste encore plus de deux tiers du chemin à parcourir pour être en phase avec l’ambition mondiale issue de l’Accord de Paris sur le climat. « Nous voyons d’ores et déjà se dégager les entreprises gagnantes et perdantes » affirmait à ce titre Paul Simpson, le PDG du CDP. Plus de 1 000 entreprises, représentant 12 % des émissions mondiales de GES, avaient répondu à l’enquête, sur plus de 1 800 sollicitées. Et « la majorité des grandes entreprises que nous avons analysée ne semble pas encore avoir mis en place les dispositifs pertinents » pour être en conformité avec la COP21.
Le rapport du CDP indique également que, sur 3 300 entreprises classées en fonction de leur approche concernant le changement climatique, seules 159 ont obtenu la note de performance la plus élevée, en tête desquelles les groupes Unilever et L’Oréal. La France, bonne élève de la lutte contre la hausse des températures mondiales ? Ses entreprises ont en tout cas mesuré l’ampleur du phénomène. Huit d’entre elles ont ainsi obtenu la meilleure note pour leur politique climatique ou pour leur gestion de l’eau – avec, entre autres, Kering, Danone, Essilor et Sanofi. Des résultats encourageants – mais loin d’être suffisants – qu’avait d’ailleurs notés le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (CITEPA).
L’autoconsommation photovoltaïque intéresse les entreprises
En France, selon cette structure, les émissions de gaz à effet de serre ont connu une dynamique globalement positive ces dernières années, avec une baisse de plus de 11 % entre 1990 et 2015. Même s’il existe en la matière quelques disparités entre les secteurs. Outre le traitement des déchets – dont les émissions ont augmenté de 14 % sur la même période – c’est surtout la performance énergétique dans les bâtiments à usage tertiaire qui est pointée du doigt. Mais, globalement, les grands groupes ont conscience qu’ils doivent agir – ne serait-ce pour les économies d’énergie qu’ils peuvent faire. Leur principal levier ? La consommation électrique.
Ou, plutôt, l’autoconsommation électrique, qui séduit déjà de nombreux particuliers en France. Car à la place de payer son électricité, parfois issue de sources carbonées – comme le charbon –, pourquoi ne pas consommer directement l’énergie créée sur place ? D’autant plus lorsqu’elle est propre, puisque la plupart du temps, l’autoconsommation a recours au photovoltaïque. C’est le raisonnement que tiennent certaines entreprises, qui ont un avantage non négligeable par rapport aux ménages : la majorité de leurs consommations se font le jour, au moment où est effectivement produite l’électricité solaire.
Smartflower attitude
« En tant qu’entreprise, les possibilités de faire de l’autoconsommation sont nombreuses » indique l’électricien français EDF. « Bureaux, ateliers, magasins, locaux techniques ou encore usine peuvent accueillir des panneaux photovoltaïques dans des dimensions parfois très importantes. » Le groupe, qui s’est engagé il y a quelques années dans le développement massif des énergies renouvelables – il va par exemple investir 25 milliards d’euros dans le photovoltaïque –, propose d’ailleurs d’accompagner les entreprises dans leur mue écologique. Une activité de services énergétiques extrêmement juteuse, puisqu’elle devrait lui permettre d’empocher quelque 11 milliards d’euros d’ici 2030.
EDF peut, pour ce faire, compter sur ses différentes filiales, EDF Energies Nouvelles Réparties (EDF ENR) en tête, pour les solutions photovoltaïques. Mais également Dalkia, qui s’occupe des réseaux de chaleur et de froid des collectivités, ou encore Sodetrel, spécialisée dans la gestion des bornes de rechargement de véhicules électriques. Le tout chapeauté par EDF-SE (Solutions Energétiques), nouvelle marque ombrelle du groupe, créée pour diriger la plupart de ces filiales et les faire évoluer à l’international. Et en termes d’autoconsommation, les exemples fleurissent de toute part en France. En septembre dernier, le frigoriste Cesbron a inauguré sa Smartflower près d’Angers, un générateur photovoltaïque intelligent composé de 12 pétales permettant de produire et consommer de l’électricité. Depuis 2015, l’aquarium de Vannes en Bretagne chauffe l’eau de ses poissons grâce à trois Smartflowers. La même année, le restaurant étoilé Fond Rose près de Lyon a aussi planté sa Smartflower au sein de son espace vert. Aujourd’hui plus de 300 exemplaires aux alentours de 20.000 euros l’unité ont déjà été vendus en France à des entreprises ou des particuliers. Une technologie que pourraient s’arracher d’autres grands groupes internationaux.
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