La France va devenir le troisième pays consommateur de bio dans le monde, derrière les Etats Unis et l’Allemagne, représentant ainsi selon les estimations, 8 milliards d’euros. C’est une étude de Coface (leader mondial de l’assurance-crédit) qui révèle ces chiffres et qui s’interroge sur la pérennité de ce type d’agriculture en France.
Face à un secteur en pleine expansion avec une croissance prévue de 14% en 2017, les agriculteurs français vont devoir s’adapter en augmentant leurs rendements et leurs surfaces. En effet, à l’heure actuelle, l’Agence Bio estime que 29% des produits bios sont importés, probablement à cause de la trop faible conversion des agriculteurs vers la bio en France. D’après Eurostat, la France ne possèderait que la 18ème surface agricole engagée en 2016. « L’offre française semble peiner à répondre à une demande dynamique » selon Bruno De Moura Fernandes, économiste au sein de Coface et co-auteur de l’étude.
Une mutation du secteur à opérer
Même si les conversions à la bio ont fortement progressé depuis 2009 suite aux engagements pris lors du Grenelle de l’environnement, l’essor de la filière a principalement reposé sur les aides accordées par les pouvoirs public, dont les aides à la conversion et au maintien. Or, le gouvernement a annoncé dernièrement la suppression de l’aide au maintien des exploitations. On craint alors une forte hausse des prix ou un recours accru aux importations.
Coface estime qu’il sera inévitable d’opérer une mutation du secteur afin de pouvoir répondre à la demande. Cela sera rendu possible par le recours à l’innovation qui permettrait par exemple de détecter les maladies sur les plantations, mais aussi de piloter la production en optimisant l’irrigation, ou encore de détecter une mise bas des animaux. Les agriculteurs gagneraient ainsi en efficience. La technologie permettrait aussi de faciliter la logistique des distributeurs, via des applications favorisant les circuits courts (exemple de « la ruche qui dit oui »).
Parmi les autres actions à engager, on note également une nécessité d’étendre la taille des exploitations agricoles afin d’élargir leur échelle de production. La production de la bio étant plus chère que celle de l’agriculture conventionnelle (selon l’Agence Bio, il faut une personne à temps plein pour cultiver 38 hectares en conventionnel, quand deux personnes sont nécessaire en bio), les rendements du secteur sont donc inférieurs. Une extension des exploitations serait facteur d’accroissement des rendements grâce aux économies d’échelle engendrées.
Le gouvernement fait marche arrière
Dans ce contexte, l’annonce du gouvernement de la suppression de l’aide au maintien à compter de novembre 2018 a suscité de vives réactions au sein de la filière. De nombreuses exploitations peinent à être auto-suffisantes. Le principal argument que l’Etat avance est la forte croissance du marché qui suffirait à un mode de rémunération par le marché. Mais la filière reste encore fragile et une hausse des prix pourrait engendrer une fluctuation du marché, aux impacts lourds (retour vers le conventionnel ou hausse des importations), tout en s’éloignant des principes de la filière bio : des circuits courts, en production locale, favorisant l’emploi et la diminution de l’empreinte carbone.
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