Les principaux organismes internationaux de recherche sur les changements climatiques ont publié dimanche soir un rapport important sur les effets du réchauffement planétaire et sur ce qu’il faudrait faire pour limiter la hausse des températures à 1,5 ° C, au-dessus des niveaux préindustriels – un objectif extrêmement difficile, mais pas impossible.
Le rapport provient du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), un consortium international de centaines de chercheurs sur le climat réunis par les Nations Unies. Les auteurs ont présenté leurs conclusions à Incheon, en Corée du Sud, après une semaine de discussion.
Pourquoi examiner les perspectives de limitation du réchauffement climatique à 1,5° C ? En vertu de l’accord de Paris, les pays ont convenu que l’objectif devrait être de limiter le réchauffement à moins de 2°C d’ici à 2100, avec un objectif préférable : limiter le réchauffement à 1,5° C.
Selon le rapport, il faudrait un effort mondial massif, bien plus agressif que tout ce que nous avons pu voir à ce jour, pour maintenir le réchauffement à une température de 1,5 ° C. Sans un tel effort, nous continuerons sur notre trajectoire actuelle vers 3 ° C de réchauffement. De plus, même si nous atteignons l’objectif de 1,5 ° C, la planète fera toujours face à des changements massifs et dévastateurs. C’est donc plutôt sinistre.
Mais le rapport est aussi un appel à l’action tonitruant, décrivant les outils dont nous disposons (nous en avons beaucoup) pour atténuer le réchauffement climatique et accélérer le passage à une énergie plus propre.
Limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° C va être très difficile
À l’heure actuelle, seuls quelques pays sont en passe d’atteindre les objectifs fixés dans l’accord de Paris – objectifs, rappelez-vous, qu’ils se sont fixés. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et même les champions de la lutte contre le changement climatique tels que l’Allemagne sont sur le point de rater leurs objectifs.
Pourtant, si chaque pays atteignait ses objectifs, cela n’empêcherait pas que la planète se réchauffe de 3 °C. Atteindre l’objectif beaucoup plus ambitieux de 1,5 ° C est nettement plus lourd, en termes de politique, d’économie et de technologie.
Les militants du changement climatique ont comparé leurs efforts pour mener une action mondiale :
Il faudrait remplacer la majeure partie des générateurs de combustibles fossiles du monde par des solutions plus propres. Cela conduirait le monde à tout électrifier. Les planificateurs devraient reconcevoir les villes pour permettre des transports plus propres. Et les gouvernements devraient payer pour leurs émissions à un prix suffisamment élevé pour inclure les coûts sociaux du carbone.
Le pronostic le plus sombre dans le projet de rapport réside dans les détails des efforts nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5 ° C. Les pays n’auront plus seulement à renoncer aux combustibles fossiles et à cesser d’émettre des gaz à effet de serre ; ils devront extraire directement le dioxyde de carbone de l’air.
Cela correspond à plus de 1 000 gigatonnes de dioxyde de carbone éliminés de l’atmosphère d’ici la fin du siècle. Cela nécessitera des machines qui éliminent le dioxyde de carbone de l’air ainsi que des biocarburants, associées au captage et à la séquestration du carbone.
Les pays devront également apporter des changements radicaux aux pratiques d’utilisation des terres. Une partie du réchauffement provoqué forcera par exemple des millions de personnes à se retirer des côtes. « Le niveau de la mer continuera à monter bien au-delà de 2100 (degré de confiance élevé), et l’ampleur et le taux de cette augmentation dépendent des futures émissions produites », indique le rapport.
Plus nous attendons, plus les mesures seront radicales
De plus, nous n’avons pas beaucoup de temps pour agir. Parce qu’il faut des décennies avant que l’accumulation de dioxyde de carbone influence la température de la planète, une trajectoire de réchauffement de 1,5 °C exige de réduire les émissions de la planète de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030. Plus nous attendons, plus nous devrons envisager des mesures radicales.
Bien que de nombreux responsables publics aient toujours ignoré les prévisions sombres de l’avenir de notre planète, le prochain rapport éloigne les tentations du vœu pieux, selon lequel l’humanité limitera elle-même ses émissions ou que nous pourrons développer une technologie qui compensera tous nos problèmes. Cela montre que même dans le meilleur des cas, le scénario le plus optimiste, des décisions difficiles restent à prendre.
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