Le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, a inauguré le 17 décembre le plus grand programme hydroélectrique du pays, écartant les avertissements concernant l’impact environnemental du projet et ses effets sur les communautés locales.
Soutenue par un financement chinois, la nation du Sud-Est asiatique s’est lancée dans une vague de construction de barrages ces dernières années, afin d’accroître sa capacité énergétique et de relancer son économie.
Un projet largement contesté par les ONG et les populations locales
Mais la construction du barrage Lower Sesan 2 de 400 mégawatts a été largement critiquée par les environnementalistes qui ont mis en avant la menace représentée pour les poissons le long des voies navigables du Mékong.
Selon des activistes, près de 5 000 personnes – appartenant pour la plupart à des groupes autochtones marginalisés – ont été réinstallées en raison de ce projet.
Lors de l’inauguration officielle qui s’est tenue le 17 décembre dans la province de Stung Treng, dans le nord-est du pays, Hun Sen a fermement défendu le projet, affirmant que les villageois affectés seraient indemnisés avec des maisons et des terres.
« La plupart de la population soutient ce projet de développement, mais certains villageois ont créé une situation compliquée en raison des incitations de certains étrangers », a-t-il déclaré, ajoutant que le barrage hydroélectrique contribuerait à réduire les coûts d’électricité.
Les Nations Unies avaient déjà fait part de leurs préoccupations concernant le barrage, tandis que certains scientifiques avaient lancé un appel pour qu’un terme soit mis aux craintes concernant les disponibilités alimentaires de la région.
L’ONG International Rivers a averti que le barrage aurait un « impact particulièrement coûteux sur la pêche et la biodiversité du Mékong ».
Maureen Harris, directrice du programme pour l’Asie du Sud-Est au sein du groupe, a déclaré à l’AFP que la menace était « particulièrement grave au Cambodge », où les populations locales tirent jusqu’à 80% de leur apport en protéines animales de la pêche en eau douce.
Le Cambodge en proie à une forte déforestation
Construit le long des affluents du Mékong, le Lower Sesan 2 est une joint-venture entre le groupe royal du Cambodge (39%), l’entreprise publique chinoise Hydrolancang Energy (51%) et de la société vietnamienne EVN International (10%).
L’usine sera remise au gouvernement cambodgien après 40 ans d’activité.
Le Cambodge a également été critiqué pour avoir permis à des entreprises de défricher des centaines de milliers d’hectares de forêts, y compris dans des zones protégées, pour y implanter aussi bien des plantations de caoutchouc et de canne à sucre que des barrages hydroélectriques.
Les groupes de défense des droits de l’homme affirment que les villageois expulsés reçoivent souvent une compensation insuffisante ou sont déplacés de force au cours du processus.
Commentaires récents