De nouvelles observations indépendantes provenant de balises flottantes montrent que les océans de la Terre se réchauffent à un taux environ 40% plus rapide que celui indiqué dans le rapport 2013 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
L’étude, publiée jeudi 10 janvier dans la revue Science, résout une incertitude clé dans la science du climat en conciliant les analyses de différentes équipes scientifiques.
Les océans absorbent environ 93% de la chaleur supplémentaire injectée dans le système climatique. Jusqu’à présent, la majeure partie de cette chaleur réside dans les couches supérieures de l’océan et ne se diffuse que lentement dans les eaux plus profondes. Un réchauffement plus rapide montre d’ores et déjà des effets tangibles et néfastes, allant du blanchissement des coraux de la grande barrière de corail à l’intensification des ouragans.
2018, année la plus chaude enregistrée
Selon les scientifiques, l’océan dispose d’une mémoire à long terme, ce qui signifie que la chaleur qui se déverse dans les eaux continuera à être libérée bien après que les humains aient réduit leurs émissions de gaz à effet de serre (en supposant que cela arrive).
L’étude révèle que les données croisées des quatre groupes de recherche correspondent généralement aux projections de réchauffement des océans issues des modèles climatiques les plus récents, ce qui indique que ces modèles simulent avec précision le bilan radiatif de la Terre.
« Nous pouvons voir l’émergence du signal du réchauffement planétaire beaucoup plus clairement dans le contenu thermique de l’océan », déclare le co-auteur de l’étude, Zeke Hausfather, analyste des systèmes énergétiques du groupe de recherche sur le climat Berkeley Earth.
Le scientifique affirme que 2018 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée pour les océans de la Terre, battant ainsi les records de 2017 et 2016.
Le contenu thermique est un indicateur fiable du réchauffement climatique
Le contenu thermique (unité utilisée pour ces mesures) ne variant pas aussi fortement que les températures de surface, il est considéré comme un indicateur plus fiable du réchauffement planétaire. Il était de 0,20 à 0,32 watt par mètre carré entre 1971 et 2010. Les quatre études s’accordent sur un chiffre réévalué entre 0,36 et 0,39, et atteignant même 0,55 et 0,68 depuis les années 1990.
Le réchauffement des océans provoque déjà des épisodes de blanchiment corallien sans précédent et contribue à l’élévation du niveau de la mer. Ils font également fondre les glaciers du Groenland et de l’Antarctique.
Les océans sont l’une des principales raisons pour lesquelles le changement climatique ne fléchira pas, même si les émissions cessaient aujourd’hui, car elles continueront à dégager de la chaleur, ainsi que des gaz à effet de serre, au fil du temps.
« Le système climatique océanique a une longue mémoire, » affirme Zeke Hausfather, « il ne se réchauffe pas aussi vite que le climat et il est beaucoup plus difficile de le refroidir une fois qu’il commence à chauffer. »
Une étude de 2016 montre qu’il faudrait davantage d’émissions négatives pour réduire le réchauffement qu’il n’a fallu d’émissions positives pour augmenter les températures.
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