Autosuffisance énergétique, augmentation des exportations, verdissement de son mix électrique, l’Egypte s’apprête à devenir un véritable hub énergétique au Moyen-Orient grâce, notamment, au gaz naturel et à ses gigantesques capacités photovoltaïques.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi entend diversifier l’économie et miser sur le potentiel énergétique de l’Egypte, aux ressources multiples. Il y a d’abord le gaz naturel, dont les réserves inshore et offshore sont estimées à plus de 2 000 milliards de mètres cubes. Entre 2000 et 2011, le pays a d’ailleurs triplé sa production afin d’augmenter ses exportations de gaz, pour devenir autosuffisant, alors que la découverte du méga-gisement Zohr, au large des côtes égyptiennes en 2015, promet de replacer l’Egypte au cœur du hub gazier de l’est de la Méditerranée. De nombreuses compagnies, au premier rang desquelles l’italienne ENI, partenaire historique du Caire, se sont d’ores et déjà positionnées pour inscrire le pays sur la carte des producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL).
Barrage d’Assdiout
Présenté comme le « combustible du futur », en raison de sa propreté écologique par rapport à d’autres ressources (comme le charbon ou le pétrole), le GNL se mondialise de plus en plus. Il ne devrait pas tarder à investir les marchés européens. En 2025, 22 % de la demande européenne en gaz devrait être satisfaite par le GNL. Les autorités égyptiennes veulent parier sur la situation géographique stratégique du pays, à mi-chemin entre l’Europe et l’Orient, pour assoir leur statut d’acteur incontournable en la matière.
Si en 2017 le gaz naturel a compté pour plus de 52 % dans la consommation d’énergie primaire en Egypte, le pays entend diversifier son mix énergétique et se tourner du côtés des énergies vertes. Aujourd’hui, c’est surtout l’hydroélectricité qui a un poids significatif, soit 7,2 % de la production électrique en 2016. Cependant, le gouvernement d’Abdel Fattah al-Sissi a entrepris plusieurs chantiers pour assurer une transition énergétique diversifiée. Son objectif est de porter, d’ici 2035, la part des énergies renouvelables à 42 % dans la production d’électricité. Le Caire peut d’ores et déjà compter sur le barrage d’Assiout, dans la vallée du Nil, un méga-projet hydraulique inauguré l’été dernier. Construit par le français Vinci, il est destiné à produire 32 mégawatts d’électricité verte, et environ 50 000 tonnes de carburant propre.
Nucléaire
C’est surtout du côté des énergies solaires que l’Egypte, à 97 % désertique et gorgée de soleil, souhaite se tourner, avec des ambitions importantes mais légitimes. « L’Egypte, du fait de sa superficie et de son climat, a un potentiel solaire énorme. Si les remous politiques (aujourd’hui révolus) ont naturellement freiné cette ambition, le pays reste habitué à mettre en œuvre de grands projets », expliquait Emmanuelle Matz, responsable énergie chez Proparco, filiale de l’Agence française de développement, en septembre dernier.
Le Caire a déjà validé une quinzaine de projets solaires, sur une trentaine proposés, pour une puissance totale de 1 gigawatt. La centrale solaire de Benban, dans le nord-est d’Assouan, est un projet emblématique de la transition énergétique égyptienne et devrait être opérationnelle courant 2019.
Enfin, dans quelques années, l’Egypte pourra compter sur l’atome pour satisfaire sa demande croissante en énergie, ainsi que ses objectifs de transition énergétique. En décembre 2017, Le Caire a signé avec la Russie un contrat portant sur la construction d’une centrale nucléaire – d’une puissance totale de 4 800 MW. La fin des travaux est prévue en 2022, pour un début d’exploitation deux ans plus tard. L’installation, située à El-Dabaa, dans le nord-ouest du pays, devrait permettre aux Egyptiens de tourner le dos, petit à petit, aux hydrocarbures, néfastes pour le climat.
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