La dernière fois que la Terre avait autant de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, des arbres poussaient au pôle Sud.
Depuis de nombreuses années, les chercheurs en changements climatiques regardent dans le passé dans l’espoir d’anticiper l’avenir. Cependant, au regard de l’étude effectuée par un groupe de scientifiques britanniques, les archives sont loin d’être un signe encourageant pour le destin de la planète.
Des températures égales à celles du Pliocène
En effet, la dernière fois que l’atmosphère de la Terre contenait la même quantité de dioxyde de carbone qu’aujourd’hui, l’Antarctique était une oasis couverte de plantes, le niveau de la mer était estimé entre 10 et 20 mètres plus haut et les températures globales moyennes étaient de 2 à 3 degrés Celsius plus chaud. Dans l’Arctique notamment, les températures estivales étaient de 14 degrés supérieurs à ce qu’elles sont aujourd’hui.
Ces conditions, observées il y a quelque 2,6 à 5,3 millions d’années, au cours d’une période connue sous le nom d’époque pliocène, sont très éloignées de notre climat actuel. Mais si les mesures décisives pour lutter contre le réchauffement de la planète ne sont pas prises rapidement, préviennent les chercheurs, l’histoire pourrait bien se répéter.
L’étude indique les molécules de dioxyde de carbone (CO2) trouvées dans l’atmosphère a atteint le niveau du pliocène qui est de 400 parties par million (ppm) en 2015.
Bien que la vitesse à laquelle les niveaux de carbone augmentent et continueront à augmenter laisse penser que la Terre connaîtra une hausse inévitable de la température de 3 à 4 degrés Celsius, ce réchauffement devrait se produire progressivement au cours des prochains siècles. La fonte à grande échelle, capable d’élever le niveau de la mer et de rendre vert le paysage glacé de l’Antarctique, se rapprochera de quelques millénaires.
1 000 ppm d’ici 2100
« Si vous mettez votre four en marche à la maison et que vous le réglez sur 200 degrés, la température n’atteint pas ce niveau immédiatement», a expliqué Martin Siegert, géophysicien et scientifique du changement climatique à l’Imperial College de Londres lors de la conférence du 3 avril, intitulée « Le Pliocène: la dernière fois que la Terre avait un niveau de CO2 supérieur à 400 ppm ».
Précisant alors que : « Cela prend un peu de temps et c’est la même chose avec le climat ».
Si les émissions de carbone continuent à leur rythme actuel, prévient Martin Siegert, la Terre pourrait atteindre 1 000 ppm d’ici 2100. Lorsque le niveau de carbone a atteint ce niveau pendant le Crétacé, il y a environ 100 millions d’années, la vie sur planète était alors très différente : les dinosaures gouvernaient, l’Antarctique était beaucoup plus chaud et couvert de vastes étendues de forêt.
Pour contrer ce scénario importun, le spécialiste du changement climatique a déclaré que les humains devaient s’efforcer de limiter la hausse de température de ce siècle à 1,5 degrés.
« Nous devons ramener les niveaux de CO2 à 40% de ce qu’ils sont aujourd’hui d’ici 2030. Puis, à zéro d’ici 2050, puis à un niveau négatif par la suite. C’est une entreprise difficile, mais c’est possible. »
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