Après le plus important accident nucléaire de l’histoire, on a souvent supposé que la vie ne reprendrait pas sur place. Or, elle semble bien renaitre petit à petit.
Suite au plus grand accident nucléaire de l’histoire, des travaux de décontamination ont immédiatement démarré et une zone d’exclusion a été créée autour de l’usine. Plus de 350 000 personnes ont été évacuées de la zone. Ils ne sont jamais revenus.
L’impact initial sur l’environnement était également important. L’une des zones les plus durement touchées par les radiations était la forêt de pins située à proximité de l’usine, connue depuis sous le nom de « forêt rouge ». En effet, cette zone qui a reçu les doses de rayonnement les plus élevées, a vu mourir instantanément ses pins et toutes ses feuilles sont devenues rouges. Peu d’animaux ont survécu aux niveaux de radiation les plus élevés.
Un lieu d’hébergement de la biodiversité
A la suite de cela, après l’accident, on a largement supposé que la région deviendrait un désert pour la vie. Étant la durée pour certains composés radioactifs de se décomposer et disparaître de l’environnement, il était envisagé que la région reste dépourvue de vie sauvage pendant des siècles.
Mais 33 ans après l’accident, la zone d’exclusion de Tchernobyl, qui couvre actuellement une partie de l’Ukraine et de la Biélorussie, est habitée entre autres par des ours bruns, des bisons, des loups, des lynx, des chevaux de Przewalski et plus de 200 espèces d’oiseaux.
Environ 30 chercheurs du Royaume-Uni, d’Irlande, de France, de Belgique, de Norvège, d’Espagne et d’Ukraine se sont réunis en mars 2019 à Portsmouth, en Angleterre, pour présenter leurs travaux réalisés sur la faune de Tchernobyl.
Ces études comprenaient des recherches sur les grands mammifères, les oiseaux nicheurs, les amphibiens, les poissons, les bourdons, les vers de terre, les bactéries et la décomposition de la litière de feuilles.
Elles ont montré qu’à l’heure actuelle la région héberge une grande biodiversité. En outre, ils ont confirmé l’absence généralisée d’importants effets négatifs des niveaux de rayonnement actuels sur les populations animales et végétales vivant à Tchernobyl.
Tous les groupes étudiés maintiennent des populations stables et viables à l’intérieur de la zone d’exclusion.
L’Homme plus néfaste que la radioactivité
Des travaux ont cependant mis en évidence certains effets négatifs des rayonnements au niveau individuel. Par exemple, certains insectes semblent avoir une durée de vie plus courte et sont davantage affectés par les parasites dans les zones fortement irradiées.
Certains oiseaux ont également des taux d’albinisme plus élevés, ainsi que des altérations physiologiques et génétiques lorsqu’ils vivent dans des endroits hautement contaminés. Mais ces effets ne semblent pas affecter le maintien de la population faunique dans la région.
L’absence générale d’effets négatifs des rayonnements sur la faune de Tchernobyl peut être une conséquence de plusieurs facteurs :
Premièrement, la faune pourrait être beaucoup plus résistante aux radiations qu’on ne le pensait auparavant. Une autre possibilité est que certains organismes commencent à montrer des réponses adaptatives qui leur permettraient de faire face aux radiations et de vivre à l’intérieur de la zone d’exclusion sans danger.
De plus, l’absence d’êtres humains à l’intérieur de la zone d’exclusion pourrait favoriser la prolifération de nombreuses espèces, notamment les grands mammifères.
Cette dernière option suggérerait que les pressions générées par les activités humaines seraient plus négatives à moyen terme qu’un accident nucléaire pour la faune sauvage – une vision assez révélatrice de l’impact humain sur le milieu naturel.
L’avenir de Tchernobyl
En 2016, la partie ukrainienne de la zone d’exclusion a été déclarée réserve de biosphère radiologique et environnementale par le gouvernement national.
Au fil des années, Tchernobyl est également devenue un excellent laboratoire naturel pour l’étude des processus évolutifs dans des environnements extrêmes, ce qui pourrait s’avérer précieux compte tenu des changements environnementaux rapides survenus dans le monde entier.
À l’heure actuelle, plusieurs projets tentent de relancer les activités humaines dans la région. Le tourisme a prospéré à Tchernobyl, avec plus de 70 000 visiteurs en 2018.
Il est également prévu de développer des centrales solaires dans la région et d’étendre les travaux forestiers. L’année dernière, une installation artistique et une soirée techno ont eu lieu dans la ville abandonnée de Prypiat.
Au cours des 33 dernières années, Tchernobyl, considéré comme un désert potentiel pour la vie, est devenu une zone de grand intérêt pour la conservation de la biodiversité.
Même si cela peut paraitre irréel, nous devons dorénavant œuvrer au maintien de l’intégrité de la zone d’exclusion en tant que réserve naturelle si nous voulons garantir qu’à l’avenir Tchernobyl restera un refuge pour la biodiversité.
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