Dans son rapport d’activité 2018, remis le 14 mai dernier, Jean Gaubert dénonce notamment le démarchage abusif pratiqué par ENI, Total Spring et Engie, dû en grande partie à la « concurrence effrénée » au sein du marché de l’électricité.
Pour la troisième année consécutive, le Médiateur national de l’énergie a fustigé la concurrence au sein du marché de l’énergie, telle qu’elle est pratiquée actuellement, dans son rapport d’activité pour 2018, remis le 14 mai dernier. Un nombre de litiges entre particuliers et entreprises en hausse (+ 37 % en deux ans), des conflits liés aux factures en augmentation (+ 60 %) qui représentent 44 % des litiges : « On est dans un moment de concurrence effrénée, chacun essaie de conquérir les clients de l’autre », estimait le jour même sur France Info Jean Gaubert, pointant du doigt une « recrudescence de mauvaises pratiques », conséquence malheureuse de la libéralisation du marché de l’énergie en 2007.
Parmi celles-ci, le démarchage à domicile abusif. Une pratique utilisée par les entreprises dans le but de s’accaparer les clients de leurs concurrents, lors de porte-à-porte dont sont victimes, en premier lieu, les personnes âgées. Mais pas que. Car « le fonctionnement du secteur reste confus pour un bon nombre [de Français] et certains fournisseurs jouent sur cette méconnaissance pour conquérir des parts de marché », note le rapport du médiateur, qui égratigne principalement ENI, Total Spring et Engie (ex-GDF Suez).
Cette dernière vient d’ailleurs d’être condamnée à verser 1 million d’euros de dommages et intérêts à EDF, numéro 1 du secteur en France, par la cour d’appel de Versailles, en mars 2019, pour « concurrence déloyale ». Engie, « bon client » des remontrances du médiateur de l’énergie, aurait ainsi eu recours pendant des années à des commerciaux qui, payés au contrat signé, n’hésitaient pas à assimiler le groupe à EDF, brouillant ainsi les pistes pour les clients démarchés. Certains étaient dans des situations de faiblesse telles qu’il suffisait de leur promettre (à tort) des factures moins salées pour qu’ils s’engagent.
La direction d’Engie a assuré avoir retiré « leur carte d’accréditation à 30 commerciaux » en 2018. Loin d’être suffisant pour le médiateur qui estime que « quand on missionne quelqu’un, on en est responsable. C’est d’ailleurs ce qu’a dit la cour d’appel de Versailles. C’est un peu trop facile de se cacher derrière la sous-traitance ». Pour Jean Gaubert, si l’interdiction du démarchage à domicile s’avère être une aberration, il convient d’encadrer plus sérieusement la pratique afin que le nombre de Français lésés par ces pratiques diminue.
En 2018, selon le rapport du médiateur, plus d’un Français sur deux (56 %) a été approché par un(e) commercial(e) pour changer de fournisseur, contre 36 % l’année précédente. Ce qui révèle bien, selon Jean Gaubert, que la concurrence s’est durcie, voire s’essouffle, et qu’il est grand temps de la réorganiser. Dans son viseur, outre le démarchage abusif, les promotions faussement alléchantes ou la multiplication de « trophées clients ». S’il n’y avait pas moins de problèmes avant l’ouverture du secteur à la concurrence, ceux-là « se réglaient mieux » selon le médiateur de l’énergie. Notamment « parce que la présence des agents EDF était très forte sur le terrain ».
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