Comproagro est une application qui relie les agriculteurs colombiens aux consommateurs, leur permettant de vendre leurs produits sans intermédiaires. Elle compte plus de 26 000 utilisateurs répartis dans 29 départements du pays et son créateur espère développer des ramifications dans le monde entier.
Créée par Ginna Jiménez en 2015, Comproagro est une plate-forme en ligne qui permet aux agriculteurs colombiens de proposer leurs produits directement aux consommateurs, leur permettant de négocier non seulement le prix, mais également les méthodes de paiement et de livraison.
Ginna Jiménez, qui vient elle-même d’une famille d’agriculteurs, n’avait que 15 ans lorsqu’elle a lancé le site Web. Son inspiration lui est venue lors de la venue des responsables du ministère colombien de la Technologie de l’information et des Communications au sein de son école. Ils ont notamment évoqué avec les élèves la possibilité de soutenir des projets d’entreprise innovants utilisant des outils numériques.
Une plateforme qui supprime les intermédiaires
Plus tard dans la journée, elle est retournée dans la ferme de ses parents à Toca, dans le département colombien de Boyacá, et a expliqué son idée à son frère et à sa mère. « Développons une application dans laquelle tous les paysans du pays peuvent vendre sans intermédiaires et enfin recevoir un salaire équitable pour leurs efforts », leur a-t-elle dit.
Pour les agriculteurs, le problème des intermédiaires est qu’ils achètent des produits à une fraction du prix du marché. « Les intermédiaires nous paient 500 pesos (0,14 €) pour un avocat. Comme nous n’avons pas d’autre option, nous vendons le produit. Ensuite, ils vont le vendre 2 000 pesos, ce qui signifie qu’ils gagnent trois fois plus que nous »,a déclaré Jhonatan Lozano, un producteur qui vit dans le sud de la Colombie.
Pour sa part, il apprécie l’application. Il a reçu une dizaine d’appels jusqu’à présent et, la plupart du temps, il a réussi à vendre tous ses produits à la fois, et à un prix presque deux fois supérieur au prix généralement reçu.
La plateforme ne génère pas de bénéfices pour sa créatrice. « Dès le départ, l’idée était d’offrir un service gratuit », explique la jeune fille. « Ce serait injuste pour les agriculteurs de payer pour cela, alors qu’ils investissent déjà beaucoup pour faire pousser leurs cultures. »
En 2016, le ministère public colombien (Fenalper ou Federación Nacional de Personerías) a reconnu Comproagro en tant qu’initiative de paix sociale dans la catégorie de l’entrepreneuriat et de la création d’emplois. À l’époque, la plate-forme comptait environ 150 agriculteurs enregistrés. Il compte maintenant plus de 26 000 utilisateurs répartis dans 29 départements du pays.
« Au début, nous avons promu l’application par le bouche à oreille. Ma mère, mon frère et moi avons travaillé dur et avons réussi à convaincre les médias de parler de nous, alors de plus en plus d’agriculteurs ont commencé à venir», se réjouit Ginna Jiménez.
L’un d’eux, un apiculteur répondant au nom d’Alexánder Martínez, a tenté une expérience différente des autres avec l’application. À travers la plateforme, il vend son miel moins cher que son prix habituel. « Mais ce n’est pas nécessairement négatif », dit-il. « Je vends des bocaux à mes clients habituels, mais quand on me contacte à travers Comproagro, je peux vendre toute ma production à la fois. Je réalise alors un très bon profit très rapidement. »
Une plateforme prévue pour franchir les frontières
Deux autres agriculteurs, José Martínez et Carlos Muñoz, estiment que la plateforme Comproagro pourrait être mieux adaptée à leurs besoins. Les deux agriculteurs ont été contactés à plusieurs reprises depuis qu’ils ont mis leurs produits sur la plate-forme, mais aucun d’entre eux n’a été en mesure de vendre car les clients appellent toujours en dehors des périodes de récolte. « J’aimerais pouvoir mettre à jour l’état de mes cultures en temps réel pour que les consommateurs sachent quand ils sont prêts», déclare José Martínez.
Ginna Jiménez est consciente que Comproagro n’est pas parfaite. « Un ingénieur en logiciel s’est joint à l’équipe pour améliorer la plate-forme, mais nous n’avons pas beaucoup de ressources. L’idée est d’ajouter un « chat« pour que les agriculteurs puissent constamment mettre à jour l’état du produit», explique la jeune femme, âgée de 20 ans.
Son rêve est que la plateforme devienne une sorte d’eBay pour les agriculteurs et reste gratuite. Pour gagner sa vie, elle et sa famille vendent également leurs récoltes via l’application.
Outre son aide aux agriculteurs, Comproagro a créé plus de 30 emplois directs grâce à son centre de distribution situé à Toca, où des mères célibataires pèlent et nettoient les produits.
« Je veux que la plateforme franchisse les frontières pour que nous puissions développer leurs produits et que les agriculteurs d’autres pays puissent utiliser notre application », a-t-elle déclaré.
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