Contrairement aux idées reçues, l’activité nucléaire serait en réalité particulièrement respectueuse de l’environnement. Présente naturellement autour de nous, la radioactivité fait en effet l’objet d’une surveillance rigoureuse, tout comme les effluents rejetés par les centrales.
Automobile, textile, agro-alimentaire… Comme la plupart des activités industrielles, l’exploitation d’une centrale nucléaire induit, par la transformation de la matière première, la production d’éléments tiers, qui sont ensuite rejetés dans la nature. Mais plus que tout autre secteur d’activité, la filière nucléaire a depuis toujours mis en place un cadre de contrôle et de surveillance particulièrement exigeant afin de limiter au maximum son impact sur l’environnement, explique la SFEN (Société française d’énergie nucléaire). Les effluents qui découlent de l’exploitation des réacteurs se présentent sous trois principales formes : les rejets radioactifs liquides et atmosphériques (ex. : tritium, carbone 14 et iode), qui proviennent des circuits d’épuration et de filtration de la centrale. Triés selon leur niveau de radioactivité, ils sont ensuite rejetés sous forme liquide ou gazeuse dans des quantités et des densités largement inférieures aux seuils réglementaires. Les rejets thermiques proviennent, eux, des eaux utilisées pour refroidir les réacteurs. Réchauffées de quelques degrés, ces dernières sont restituées à 97,5 % dans les rivières, fleuves et mers de sorte à ce qu’elles n’apportent pas de modifications significatives à la température et à l’écosystème du milieu aquatique. Les quantités nécessaires pour faire fonctionner une centrale sont, de toute façon, négligeables, rappelle la SFEN. Quant aux rejets chimiques, ils ne contiennent que des éléments de base comme le sodium, les chlorures ou les sulfates, nécessaires au traitement pour déminéraliser ou chlorer les eaux de refroidissement. Et comme les autres effluents, les volumes rejetés sont rigoureusement limités et contrôlés afin de respecter les normes en vigueur en France, et notamment l’ISO 14001, qui régit les activités ayant un impact sur l’environnement.
Depuis 1997, la quantité d’effluents radioactifs liquides rejetés est quasi-nulle pour les réacteurs de 900 MW, 1300 MW et 1450 MW. Les efforts de l’industrie électronucléaire ont été importants pour diminuer l’exposition de la population aux matières radioactives. Découverte en 1986, la radioactivité est un phénomène naturel, qui résulte de la transformation d’un noyau d’atome instable en un noyau plus stable, moyennant la libération d’énergie. Elle est présente dans notre environnement quotidien à travers les rayons du soleil, le contact de certains sols ainsi que plusieurs composants de notre alimentation. Nous y sommes aussi particulièrement exposés lors d’un examen radiographique ou d’un vol en avion. En comparaison, l’activité des centrales nucléaires représenterait moins de 0,01 % de l’ensemble des radiations reçues par un Français moyen. Sur une année, nous sommes davantage exposés à la radioactivité via les appareils électroménagers (4 %), les examens médicaux (25 %) et surtout par les radiations naturelles de la Terre (54 %) et du cosmos (11 %). À faible dose, l’exposition répétée à la radioactivité ne constituerait pas un danger pour l’Homme. Et même dans les régions très exposées comme le Kerala (Inde), où le niveau mesuré est 70 % supérieur à la limite recommandée pour la population, aucune conséquence réellement néfaste sur la santé ne serait constatée…
France : une filière aux atouts souvent méconnus sur le climat
Aussi inconséquente soit-elle, l’activité des centrales nucléaires fait l’objet d’une surveillance de tous les instants afin de garantir l’innocuité sur l’environnement naturel et humain. Avant la construction et surtout pendant toute la durée d’exploitation, la réglementation en vigueur exige la réalisation de contrôles permanents de l’ensemble des effluents liquides et gazeux, à différents stades du processus. Chaque année, plus de 20 000 mesures de surveillance sont ainsi effectuées sur chaque installation nucléaire. Les résultats sont transmis et analysés mensuellement par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), qui réalise en outre des inspections régulières pour vérifier la conformité des équipements. La surveillance de l’impact environnemental s’étend à l’analyse des eaux de pluie, des eaux souterraines ainsi qu’à la faune, à la flore et aux productions agricoles (lait, céréales, etc.). Ces dispositions réglementaires concernent également toutes les installations du cycle du combustible, de l’extraction du minerai au stockage des déchets en passant par l’enrichissement de l’uranium ou le traitement des combustibles usés…
Respectueuse de l’environnement, l’activité électronucléaire l’est à double titre, de par ses émissions extrêmement faibles en gaz à effet de serre. Dans un monde où la production électrique devrait doubler d’ici 2050, le recours au nucléaire permet de concilier une demande énergétique en hausse et des objectifs climatiques élevés. Depuis l’Accord de Paris en 2015, près de 200 nations se sont engagées à diviser par deux les émissions mondiales de CO2 pour limiter l’augmentation de la température planétaire à moins de 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Aujourd’hui, la combustion de matières fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon pour produire de l’électricité représente 40 % des rejets de CO2 dans le monde. À leur différence, l’activité nucléaire n’émet pas particule fine, de dioxyde d’azote ou de souffre, mais seulement très peu de CO2. En France, l’électricité d’origine nucléaire est décarbonée à plus de 95 %, ce qui en fait un des six pays au monde ayant atteint les objectifs fixés par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Grâce à son électricité issue à plus de 70 % de l’atome, l’Hexagone est ainsi le plus faible producteur mondial de CO2 (0,8 %), loin devant l’Allemagne (3 %), les États-Unis (environ 12 %) et la Chine (environ 24 %). Si près de la moitié des Français considère le nucléaire comme un atout selon une enquête BVA en partenariat avec Orano, notamment pour l’indépendance énergétique qu’il procure, plus des deux-tiers (69 %) pensent encore à tort qu’il contribue au dérèglement climatique. Chez les jeunes, cette idée reçue est même partagée par 86 % des 18-34 ans. Preuve que la filière doit aussi poursuivre ses efforts en matière d’information et de transparence…
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