Alors que l’alarme retentit de plus en plus à propos du réchauffement climatique, les auteurs se tournent vers des fictions traitant de ce sujet pour dramatiser les effets catastrophiques des sécheresses, des ouragans et des inondations – et inspirer l’action.
Surnommé « cli-fi » (climate fiction), le genre a connu une explosion de popularité ces dernières années, alors que les changements environnementaux balayent le monde et que les récits d’une planète en ébullition paraissent de moins en moins de l’ordre de la science-fiction.
« Le changement climatique est lent et intensément lié à un espace géographique », a déclaré Elizabeth Rush, experte littéraire américaine, chargée de cours à la Brown University.
« Il est difficile de remarquer ces changements au quotidien », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Mais avec la fiction sur le climat, « vous pouvez vous imaginer comme une personne touchée par les inondations ou la sécheresse et avec cette imagination, devenir une personne dotée d’une empathie radicale ».
Un thème largement traité à la foire du livre de Francfort
Pour la romancière norvégienne Maja Lunde, cela a commencé par un documentaire sur le trouble de l’effondrement des colonies, la mystérieuse extinction des abeilles qui a suscité l’inquiétude de la communauté internationale.
« J’ai eu une épiphanie : c’est ce sur quoi je veux écrire », a déclaré la romancière à l’AFP.
C’est ainsi que « L’histoire des abeilles », qui évoque un monde sans abeilles où l’homme doit polliniser les arbres à la main, est devenu un best-seller mondial, avec plus d’un million d’exemplaires vendus et traduit dans plus de 30 langues.
Sentant qu’elle « n’en avait pas encore terminé ce sujet », Maja Lunde a entrepris d’écrire un quartet de romans sur le changement climatique. Son deuxième livre, « Blue », traite de la pénurie d’eau et a été publié en Norvège l’année dernière.
Maja Lunde discutera de ses romans à la foire du livre de Francfort qui se tient cette semaine. Cet événement littéraire est le plus grand au monde et la fiction sur le changement climatique devrait en occuper une place importante.
« Je pense que nous verrons plus de ces livres dans les années à venir », a déclaré Maja Lunde. « Les gens se soucient de plus en plus du changement climatique … et les auteurs écrivent sur ce qui leur fait peur ».
Le dernier rapport sur le climat du GIEC, qui a annoncé le 8 octobre la nécessité de changements radicaux pour empêcher la Terre de se diriger vers une hausse invivable de la température, a montré que la situation « se détériorait » confirme les propos de Maja Lunde.
Elle indique d’ailleurs « je pense absolument que la fiction sur le changement climatique peut changer les mentalités ».
L’ère de la « cli-fi »
Le journaliste freelance américain Dan Bloom, reconnu pour avoir inventé le terme « cli-fi » en 2010, a décrit le genre comme un cousin littéraire de la science-fiction, mais moins fuyant et « basé sur la réalité et la science réelle ».
Les premiers exemples remontent à des décennies avec le roman de JG Ballard « The Drowned World » (1962), où la fonte des glaces a partiellement submergé un Londres abandonné, considéré comme un classique du genre.
Mais Dan Bloom, a déclaré que la cli-fi était « faite pour le 21ème siècle ».
« Nous y sommes : inondations, vagues de chaleur, pénuries d’eau, réfugiés climatiques … La cli-fi s’est inventée ».
Mais comme tout bon roman, a souligné le journalise, les histoires de cli-fi doivent essentiellement être « de bonnes histoires, pleines d’émotions et de personnages mémorables ».
La trilogie dystopique MaddAddam de Margaret Atwood compte parmi les lectures incontournables du genre.
« Les critiques littéraires prennent désormais le genre au sérieux », a déclaré Dan Bloom. « Nous sommes entrés dans l’ère de la cli-fi ».
« Ces romans peuvent aider à rendre les lecteurs plus conscients des enjeux, à mesure que le monde se réchauffe de degré en degré. Ces romans peuvent être des sonnettes d’alarme, un cri de cœur ».
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