Greta Thunberg, la jeune activiste écologiste, a récemment choisi de traverser l’Atlantique pour assister au sommet sur le climat à New York en septembre. C’est un symbole audacieux et visible des sacrifices nécessaires pour réduire les émissions mondiales, mais un choix peu pratique pour la plupart des voyageurs soucieux du climat.
Une autre option existe pour ceux qui ne peuvent se passer de prendre l’avion, consiste à compenser sa consommation personnelle de carbone, en la transformant en pierre.
Depuis juin dernier, la société suisse Climeworks a commencé à offrir à ses clients la possibilité d’acheter un abonnement personnel pour compenser leur empreinte carbone. Les client ont la possibilité de choisir parmi trois niveaux : 7 € par mois permettent de piéger 85 kg de dioxyde de carbone par an (ce qui équivaut à parcourir 700 km dans une voiture à essence); 21 € par mois rapportent 255 kg par an; et 49 € par mois convertiront 600 kg de dioxyde de carbone en pierre. Il est également possible de personnaliser les paiements jusqu’à 2 000 € par mois pour compenser 25 000 kg.
Une technologie, 3 usines, 3 applications
Le programme de compensation de Climeworks coûtera environ 1 000 euros à un client pour capturer et stocker de manière permanente une tonne de dioxyde de carbone. Alors que d’autres possibilités de compensations sont disponibles pour un prix avoisinant les 0,26 euro la tonne, qu’est-ce qui justifie le prix affolant proposé par Climeworks ?
La première raison est la certitude de leur approche. La plupart des types de compensations de carbone sont opaques : il est difficile d’être sûr que les approches permettant de piéger le carbone dans l’air (en plantant des arbres, par exemple) ou d’empêcher qu’il ne soit libéré (en soutenant la construction d’un parc éolien) compenseront en réalité l’utilisation des combustibles fossiles. De son côté, la start-up suisse garantit, en fonction du prix payé, qu’une certaine quantité de dioxyde de carbone sera éliminée de l’atmosphère et transformée en pierre.
En effet, Climeworks est l’une des trois sociétés au monde disposant de la technologie de captage direct du dioxyde de carbone dans l’air, appelée capture directe d’air (DAC). De plus, la firme dispose d’ores et déjà d’usines en état de marche.
La première se situe à Zurich et emprisonne le dioxyde de carbone de l’air et l’alimente dans une serre afin d’accroître la productivité des plantes à l’intérieur. Une autre en Italie convertit le dioxyde de carbone en méthane – créant essentiellement du gaz naturel « neutre en carbone » – qui peut ensuite être pompé dans les réseaux de gaz. La troisième, en Islande capte le dioxyde de carbone et le pompe sous terre, où il est converti en pierre en moins de deux ans.
Une technologie coûteuse, en recherche de partenaires financiers
L’autre proposition de valeur de Climeworks est plus altruiste : les acheteurs de crédits compensés auront soutenu le développement d’une technologie dont le monde a désespérément besoin.
A l’heure actuelle, les trois usines de Climeworks capturent au plus quelques tonnes de dioxyde de carbone par jour, ce qui rend les opérations coûteuses. Pour réduire les coûts, il faut accélérer le travail à grande échelle. Ainsi, en lançant son abonnement, l’entreprise fait appel à des particuliers pour aider à financer une expansion de son usine islandaise. Plus l’argent amasse, plus l’expansion est importante, plus les coûts diminueront.
Ses concurrents, Carbon Engineering au Canada et Global Thermostat aux États-Unis, ont respectivement trouvé des partenaires dans les sociétés pétrolières Occidental Petroleum et ExxonMobil, capables de financer des usines pouvant capter des centaines ou des milliers de tonnes de dioxyde de carbone chaque jour.
De son côté, Climeworks n’a pas encore trouvé le soutien des géants de l’industrie.
Commentaires récents