La pollution numérique, la nouvelle menace post-coronavirus

tickets de caisse

Si le télétravail séduit de plus en plus de Français, cette pratique n’est pas sans conséquences sur l’environnement, contribuant à renforcer la pollution numérique. Certains gestes simples permettent pourtant de limiter cette pollution, comme le fait de refuser les tickets de caisse électroniques ou de faire le ménage dans sa boite mail ou son cloud.

 Vers une société du télétravail ? Très minoritaire avant la crise liée au Covid-19, cette forme de travail à distance a, du fait du confinement généralisé de la population, gagné ses lettres de noblesse. Ainsi, d’après les chiffres de la direction des statistiques du ministère du Travail, la Dares, le télétravail a concerné jusqu’à 6,6 millions de Français au cœur du printemps, contre seulement 1,8 millions de salariés avant le début de la pandémie. Tout d’abord contrainte, cette expérience inédite a fini par séduire les Français, qui seraient, selon un récent sondage, plus d’un sur deux (55%) à apprécier l’idée de poursuivre l’expérimentation à l’avenir.

 

Le télétravail appelé à se généraliser ?

« Beaucoup de nos concitoyens se sont mis (…) au télétravail, beaucoup peuvent le faire, beaucoup ont pu profiter de cette possibilité. Il va falloir que ce télétravail se poursuive dans toute la mesure du possible », a pour sa part estimé le premier ministre Edouard Philippe. Si le confinement a officiellement pris fin le 11 mai dernier, il n’est en effet pas question, pour les entreprises et leurs collaborateurs, d’abandonner les règles sanitaires destinées à freiner la propagation de l’épidémie. Le télétravail devrait donc continuer de s’imposer, « peut-être pas pour l’intégralité des effectifs mais du moins pour une partie non négligeable des entreprises », prédit Benoît Serre, le vice-président de l’Association nationale des DRH (ANDRH).

 

La pollution numérique, moins visible mais toute aussi néfaste pour l’environnement

Cette nouvelle manière de travailler n’est pas sans poser d’importantes questions, aussi bien en termes d’organisation des entreprises que, par exemple, en matière de respect de la vie privée des salariés – la problématique du « droit à la déconnexion » devenant, à ce titre, cruciale. Autre conséquence fâcheuse, la généralisation à venir du télétravail pourrait aussi contribuer à une augmentation exponentielle de la « pollution numérique ». Une pollution qui n’a, hélas, rien de virtuelle, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) estimant que le secteur des nouvelles technologies est responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) – une proportion qui devrait sensiblement croitre au cours des prochaines années, la forte augmentation des usages laissant craindre un doublement de cette empreinte carbone d’ici à 2025.

Toujours selon l’ADEME, les émissions de CO2 liées aux nouvelles technologies sont dues, pour moitié, au fonctionnement d’Internet et, pour l’autre, à la fabrication de nos équipements informatiques. La production d’un téléviseur nécessite, par exemple, l’extraction de 2,5 tonnes de matières premières et génère quelque 350 kilogrammes de CO2 – autant qu’un aller-retour Paris-Nice en avion ; celle de nos si chers smartphones est, quant à elle, tributaire de dizaines de métaux – tantale, lithium, or, terres rares, etc. – dont l’extraction cause d’importantes pollutions et de considérables souffrances humaines. Enfin, la plupart de ces composants sont peu, ou mal recyclés, et finissent le plus souvent leur cycle de vie dans des décharges à ciel ouvert.

Refuser les tickets de caisse électroniques ou les objets connectés : des gestes simples pour limiter la pollution numérique

Les terminaux numériques ne sont pas les seuls à engendrer une pollution. Le fonctionnement du réseau Internet contribue, lui aussi, à l’augmentation des émission de GES : on estime ainsi que la consommation mondiale de streaming vidéo émet, chaque année, 300 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de la pollution émise par un pays comme l’Espagne. Les centres de données des grandes entreprises du Web (Netflix, Amazon, Facebook, Twitter, etc.) fonctionnent, pour la plupart, aux énergies fossiles (gaz et charbon). Le simple fait de conserver ses emails auxquels sont attachés des pièces-jointes demande des capacités de stockage supplémentaires et, in fine, contribue au dérèglement du climat.

Certains gestes simples peuvent néanmoins freiner ces inquiétantes évolutions : refuser les objets connectés inutiles, éteindre sa box Wifi lorsque l’on est absent de son domicile, nettoyer sa boite de réception, ne stocker que le nécessaire sur les cloud en ligne, ou encore refuser les tickets de caisse électroniques qui, contrairement à ce que le gouvernement français affirmait lorsqu’il envisageait, l’hiver dernier, d’interdire les tickets de caisse traditionnels, ne sont en rien plus « écolo » que les tickets imprimés.

  • facebook
  • googleplus
  • twitter