Les députés français ont approuvé le 6 octobre un projet de loi permettant aux cultivateurs de betteraves à sucre d’utiliser des pesticides qui avaient été interdits pour protéger les abeilles, une décision saluée par les agriculteurs touchés par des maladies des cultures mais condamnée par les groupes verts comme étant rétrograde.
La proposition, qui contredit la promesse de campagne du président Emmanuel Macron de ne pas modifier l’interdiction des pesticides dits néonicotinoïdes, vise à aider une industrie sucrière fragilisée par une baisse des prix qui a conduit à des fermetures d’usines.
Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a déclaré à l’Assemblée nationale lors de débats houleux sur le projet de loi qu’il était conçu pour protéger l’autosuffisance de la France en sucre et n’était pas anti-environnemental.
Les militants écologistes affirment que les néonicotinoïdes contribuent au déclin des abeilles en perturbant leur sens de l’orientation et leur mode de reproduction.
Pour éviter de voir les agriculteurs, qui ont connu une baisse moyenne de 15% de la production cette année, se détourner de cette culture, le gouvernement a proposé qu’ils soient autorisés à utiliser des néonicotinoïdes sur les graines de betterave à sucre jusqu’au 1er juillet 2023, ce qui assouplit une interdiction en vigueur depuis 2018.
Les scientifiques et les producteurs, quant à eux, se sont engagés à stimuler la recherche sur des alternatives.
Une mesure à contre-courant
Les groupes environnementaux ont dénoncé la dérogation, la qualifiant de retour en arrière qui menace l’écosystème et la santé publique, principalement parce que des résidus de produits chimiques resteraient dans le sol et l’eau.
« L’histoire se souviendra que, malgré les preuves scientifiques et la pression de l’opinion publique, ce gouvernement continue d’encourager l’empoisonnement des sols, des animaux et de notre alimentation », a déclaré Clément Senechal, militant de Greenpeace France, dans un communiqué.
En France, premier producteur de sucre de l’Union européenne, 420 000 hectares de betteraves sucrières ont été plantés cette année, en baisse de 5% par rapport à l’année dernière, selon les données du ministère de l’Agriculture.
Les rendements moyens sont en baisse de 11%, mais les producteurs ont déclaré qu’ils avaient chuté de 30 à 50 % dans les champs touchés par la jaunisse.
Le projet de loi est renvoyé au Sénat avant un deuxième vote à la chambre basse.
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