Les Français redécouvrent les joies du vélo depuis le confinement et les entreprises leur emboîtent le pas, en facilitant ces nouvelles mobilités douces. Mais si le « vélotaf » fait chaque jour de nouveaux adeptes, la sécurité reste le maître-mot.
Si la crise sanitaire a profondément bouleversé le monde tel que nous le connaissions et plongé les populations dans l’angoisse, certaines de ses conséquences, parfois inattendues, s’inscrivent au contraire dans une dynamique positive. Ainsi du développement des mobilités douces et, parmi ces dernières, de la pratique du vélo. Perçue, à tort ou à raison, comme un moyen de déplacement désormais plus sûr que les transports en commun, la bicyclette – traditionnelle ou électrique – n’a, en effet, jamais autant séduit les Français, qui la plébiscitent tant dans leurs trajets quotidiens que pour se rendre au travail.
Le « vélotaf », une « tendance qui va s’inscrire dans le temps »
Ce nouvel engouement a maintenant un nom : le « vélotaf », c’est-à-dire le choix de privilégier, pour se rendre sur son lieu de travail, le vélo à l’automobile ou au métro. Un boom que confirme une récente étude commanditée par l’Union Sport & Cycle et l’application Sport Heros, selon laquelle près de la moitié (46%) des sondés – qui ne sont pas, il est important de le préciser, nécessairement représentatifs de la population française, l’appli s’adressant à des sportifs confirmés – se rendent régulièrement au travail en pédalant. Et parmi eux, 42% « vélotafent » même tous les jours. Sans surprise, ce sont les jeunes (25-34 ans) qui sont le plus concernés par le phénomène ; et contrairement à certaines idées reçues, les femmes sont plus nombreuses à « vélotafer » que les hommes (50% contre 45%).
Comment expliquer cet enthousiasme ? « Il y a une prise de conscience du côté pratique du vélo ces dernières années, au-delà de la question sociétale et environnementale », assure à L’Équipe Boris Pourreau, le fondateur de Sport Heroes. « Il n’y a pas que des idéologistes (sic), confirme au magazine Virgile Caillet, délégué de l’Union Sport & Cycle, il y a des pragmatiques qui utilisent le vélotaf parce que ça fait gagner du temps, parce que ça coûte moins cher, parce que ça permet de ne pas être dépendant des transports. (…) Cette tendance va s’inscrire dans le temps ». Si les bonnes raisons et la motivation ne manquent pas, reste à donner aux salariés les moyens d’avoir recours à des transports à la fois plus propres et moins onéreux.
Faciliter la mobilité durable des collaborateurs
Pour accompagner et encourager cette tendance verte, les autorités françaises ont lancé le « forfait mobilités durables ». Entré en vigueur le 10 mai dernier, à la faveur de la Loi d’orientation des mobilités (LOM) et de la crainte d’un retour en masse vers les voitures individuelles à la fin du confinement, le forfait permet aux entreprises d’aider leurs employés à recourir au vélo, au co-voiturage ou aux services de mobilité partagée (scooters, trottinettes, etc.). D’un montant initial de 400 euros, le plafond du forfait vient d’être augmenté de 100 euros supplémentaires, comme l’a annoncé la ministre de la Transition écologique le 30 septembre. Exonéré d’impôts et de cotisations sociales, le forfait mobilités durables peut, de plus, être cumulé avec le remboursement des frais d’abonnement aux transports en commun.
Conscientes des avantages de pouvoir compter sur des salariés plus productifs – en moyenne de 6% à 9% lorsqu’ils pratiquent une activité physique –, les entreprises sont aussi de plus en plus nombreuses à offrir à leurs collaborateurs des « vélos de fonction ». Un bon moyen de les inciter à revenir au travail après le confinement, tout en évitant les embouteillages et retards dûs aux transports. De grandes sociétés du CAC 40 se convertissent, en prenant souvent en charge jusqu’à 70% du prix de la location du vélo, le salarié ne devant plus s’acquitter que d’une trentaine d’euros par mois – une somme qui comprend en général un vélo électrique haut de gamme, le casque, l’antivol et l’assurance.
D’autres entreprises facilitent l’acquisition de solutions de mobilité plus respectueuses de l’environnement, grâce à des offres spécifiques. C’est le cas par exemple d’EDF qui promeut une mobilité d’entreprise plus durable et sûre. Avec sa démarche « Combattre le CO2, ça commence par nous », l’électricien propose à ses salariés des éco-gestes et des solutions alternatives de transport via des offres préférentielles pour privilégier la mobilité électrique, les déplacements à vélo ainsi que le co-voiturage. EDF dispense également des formations de sécurité à ses collaborateurs (physiques ou en e-learning) comme pour le vélo, à l’issue desquelles ceux-ci se voient remettre un kit contenant un casque, un harnais, deux brassards et un écarteur de danger. « La crise du coronavirus a conduit les entreprises à penser différemment les déplacements, analyse Christophe Carval, Directeur de la Direction des Ressources Humaines Groupe chez EDF. Le vélo devient un mode de déplacement privilégié, une excellente nouvelle pour le climat et le bien-être des salariés. C’est une fierté de développer de nouvelles modalités d’organisation du travail pour des solutions de mobilité plus respectueuses de l’environnement, plus actives et plus partagées » .
« Vélotafer » en toute sécurité
« Vélotafer » implique en effet de respecter un certain nombre de règles d’or. Au-delà du casque – non-obligatoire au-dessus de 12 ans, mais « fortement recommandé » par la Sécurité routière –, un cycliste a l’obligation de munir son engin de feux de position, de catadioptres rétroréfléchissants sur les roues et pédales et, hors agglomération, de porter un gilet réfléchissant. Le port d’oreillettes, d’écouteurs ou d’un casque audio est, quant à lui, interdit. Enfin, « il est primordial que le néophyte détermine l’itinéraire qu’il va emprunter, privilégiant les infrastructures cyclables sur son chemin, plus sécurisées », rappelle Olivier Schneider, président de la Fédération des usages de la bicyclette.
Pour rappeler ces quelques règles de bon sens aux « vélotafeurs » et autres adeptes de la petite reine, la Sécurité routière vient justement de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation destinée aux automobilistes et aux cyclistes. Intitulée « Attention à vélo, attention aux vélos », celle-ci vise à enrayer l’augmentation du nombre d’accidents enregistrée depuis le début des mesures sanitaires en France. Objectif revendiqué : sensibiliser les nouveaux cyclistes « qui n’ont pas forcément l’ADN du danger », selon Marie Gautier-Melleray, déléguée à la Sécurité routière. Des autocollants seront notamment apposés sur les autobus et poids lourds afin de mettre en garde contre les angles morts. De quoi continuer à profiter des avantages du « vélotaf » en toute sécurité.
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