Courant juillet, le Sénégal a subi une violente flambée épidémique due au variant Delta. En multipliant les partenariats avec l’étranger pour ses infrastructures, comme avec le français Ellipse Projects, ou pour l’obtention de vaccins (Chine et Russie), le pays a limité les dégâts. Cependant, la virulence de cette troisième vague inquiète, alors même que la population reste en grande partie réticente à la vaccination.
Le Sénégal disposait en amont de la pandémie d’une expérience non-négligeable dans la gestion des crises sanitaires. Choléra, Sida, Ebola, Chikungunya… autant de pathologies qui lui avaient permis d’engranger un savoir-faire lui permettant de réagir efficacement face au Covid-19 (moins de 900 morts avant la troisième vague). Cependant, le système de santé aura finalement été mis à rude épreuve en juillet dernier par le variant Delta. La saturation des structures publiques a même poussé les autorités à prendre des mesures d’urgence inédites comme la prise en charge par l’Etat de l’oxygène destiné aux malades, y compris dans les structures privées.
Le Français Ellipse Projects construit quatre hôpitaux
Tout avait pourtant bien commencé. En décembre 2020, le professeur Michel Kazatchkine, l’un des experts chargés d’évaluer la gestion mondiale de la pandémie, expliquait : « les gens sous-estiment l’Afrique, qui, en fait, a su assez tôt et assez vite s’organiser et bien répondre à la menace épidémique ». La concertation avait même permis au Sénégal de se distinguer : « dès le mois de mars 2020, son président avait appelé à une large consultation nationale (…) Les gens ont parlé ensemble de la Covid-19. (…) Les mesures ont été bien respectées, car elles avaient été acceptées en amont, avant même qu’elles ne soient promulguées en quelque sorte. »
Du reste, les conséquences auraient pu être pires si, pendant plus d’une décennie, le pays ne s’était pas battu pour rapprocher son ratio de lits d’hôpitaux par habitants (1/368 131 habitants en 2010) de la norme fixée par l’OMS, à savoir un lit d’hôpital pour 150 000 personnes. Dans ce cadre, le gouvernement a récemment inauguré l’hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba d’une capacité de 300 lits, réalisé avec l’aide d’une société française, Ellipse Projects, « le plus moderne d’Afrique dans cette capacité », dixit Olivier Picard, son président. Ellipse Projects, spécialiste de la réalisation de projets « clés en main » en Afrique et en Asie du Sud-Est, est également impliquée dans la construction de 3 autres hôpitaux dans les villes de Sédhiou, Kaffrine et Kédougou, pour un total de 450 lits supplémentaires et avait effectué un don de 100 millions de FCFA en mai dernier (dont la moitié sous forme de matériels et équipements). En outre, le pays prévoit sur son territoire l’installation d’une usine de production de vaccins contre le Covid-19 afin d’être autosuffisant.
Ces nouvelles arrivent au meilleur moment car, si le pays a pu récolter les fruits de ses investissements en limitant la casse, des doutes subsistent sur sa capacité à encaisser une 4e vague, la population restant majoritairement réticente à la vaccination.
La vaccination ralentie par une réticence importante
En Afrique comme en Europe, les espoirs des professionnels de santé pour contrer l’épidémie reposent sur la vaccination et, à ce titre, le Sénégal ne déroge pas à la règle. Le professeur Kazatchkine rappelait que le Sénégal comme d’autres pays africains était dans une alliance qu’on appelle “Covax”, sous l’égide de l’OMS, pour obtenir des vaccins mais pointait également du doigt le fait que les vaccins “du nord” n’étaient que peu adaptés au contexte africain notamment en raison de leur température de conservation (à -80°C pour certains).
Le Sénégal a déjà reçu deux livraisons de vaccins issues de l’initiative Covax en mars et juin 2021 en plus des livraisons russes et chinoises qui avaient permis au pays de démarrer la campagne vaccinale dès février dernier. Cela a d’ores et déjà été utile pour vacciner plus de 1,2 million de Sénégalais (environ 7,5 % de la population) alors que le nombre de morts se limite pour l’instant à 1500 dans tout le pays. Reste que les Sénégalais ne sont dans l’ensemble pas favorables à la vaccination.
En février 2021, une note indiquait ainsi qu’environ 60% des sénégalais ne souhaitaient pas se faire vacciner. Les autorités ont donc lancé une campagne d’information faisant appel à des personnes influentes — le Conseil national des sages du Sénégal, le Conseil de la communication traditionnelle, les chefs religieux et même des youtubeurs — pour soutenir la vaccination et lutter contre les infox et théories du complot.
Grâce aux actions de communication de ces porte-voix et compte tenu de la violence de la troisième vague (le nombre de morts a quasiment doublé en 3 mois), gageons que de plus en plus de personnes devraient se résoudre à se faire vacciner afin de mettre un terme à l’épidémie dans le pays de la Teranga.
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