La famine à Madagascar est selon les scientifiques directement liée au réchauffement climatique. Le pays aurait besoin de 380 millions de dollars pour adapter les infrastructures et probablement résorber la crise mais les relations entre le pays et la Banque mondiale ne sont pas au beau fixe.
Selon le Food Security Information Network (FSIN), plus d’un million de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire aiguë à Madagascar en 2021. Sur l’échelle IPC, cela signifie qu’au moins « 20 pour cent des ménages présentent des déficits importants de consommation alimentaire OU ne sont que marginalement en mesure de satisfaire les besoins alimentaires minimums en recourant à des stratégies d’adaptation irréversibles telles que la liquidation des biens de subsistance ». Certaines familles sont réduites à manger du cuir, du cactus ou des insectes pour ne pas mourir… Fuyant le kéré (la faim en malgache), les populations quittent le sud de l’île pour aller dans les grandes villes au nord comme Antananarivo, la capitale de Madagascar, en vain.
Une aide alimentaire précieuse apportée notamment par Handicap International, SFAM et la fondation PSG
Alors que la capitale était traditionnellement épargnée par ce problème de famine, les réfugiés vivent désormais dans la précarité alimentaire. Le problème ne fait que se déplacer et les Malgaches meurent dans le silence de la communauté internationale.
Action contre la faim est mobilisée sur l’île. Elle a mis en place le projet CASAN depuis 2012, dont un des volets est la lutte contre la malnutrition. Soutenue par des acteurs français comme l’assureur SFAM ou la fondation du PSG, l’association travaille d’arrache-pied depuis le début de la crise et intervient auprès des familles des quartiers défavorisés de la capitale Antananarivo en situation d’ultra-précarité. SFAM group a d’ailleurs décidé de renouveler son engagement pour 3 ans supplémentaires en 2020 devant l’urgence de la situation.
L’aide vient aussi de l’international grâce notamment au réseau Handicap International. L’organisme s’est engagé à son tour pour lutter contre une famine qui ne fait pas grand bruit dans les médias occidentaux. « La famine est omniprésente, et elle touche la majeure partie des populations », rappelle Vincent Dalonneau de Handicap International. « Les taux de décès sont importants et les revenus des ménages diminuent, car les gens ont trop faim pour travailler. Les services de santé et sociaux sont surchargés, les enfants sont en danger et les personnes handicapées sont encore plus isolées et stigmatisées ».
Attentisme et réchauffement climatique
Cette situation est le résultat de la pire sécheresse qu’a connue l’île depuis 40 ans. Le manque d’eau a complètement asséché les champs et les plantations. Cela à même favorisé la déforestation — les agriculteurs coupant les arbres pour faire du charbon afin de le revendre — ce qui crée un cercle vicieux d’érosion. Mais le premier responsable de cette crise est avant tout le réchauffement climatique, comme le rappelle Lola Castro, directrice régionale du Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour le sud de l’Afrique : « il n’y a pas de conflit. Il y a juste le changement climatique avec ses pires effets qui les affecte gravement ».
Les autorités locales ont aussi leur part de responsabilité estime Mahatante Tsimanaraoty Paubert, enseignant chercheur à l’université de Tuléar et spécialiste du changement climatique: « Le gouvernement savait que ça allait arriver et n’a pas apporté les solutions attendues — tout comme les gouvernements précédents d’ailleurs. Les humanitaires traitent la conséquence, le kéré, mais seul l’État peut s’attaquer à la racine du problème, c’est-à-dire la sécheresse, donc la déficience en eau. »
Des solutions existent
Les autorités souhaitent résoudre le problème grâce à une réallocation des ressources. Ils voudraient recentrer l’argent de l’aide alimentaire vers le développement d’infrastructures pour endiguer la sécheresse et donc la famine. Pour cela, le gouvernement malgache aurait besoin de 380 millions de dollars pour ce projet, mais la Banque mondiale n’aurait pour l’instant débloqué que 16 millions. Selon le ministère chargé de l’eau, la crise pourrait pourtant être résorbée en 5 ans.
Les relations sont tendues depuis que le gouvernement a refusé d’augmenter le prix de l’électricité pour des raisons de souveraineté. Les prêts accordés par la BM étaient conditionnés à cette mesure. Alors que la prochaine saison de récoltes qui ne devrait pas être bonne arrive, on compte déjà 340 morts et la situation ne devrait pas s’arranger.
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