La République Démocratique du Congo (RDC) fait des efforts remarqués afin de préserver sa biodiversité, ce qui bénéficie à la planète entière. Pour le président Félix Tshisekedi, la RDC et, plus largement, l’Afrique, qui paient un lourd tribut climatique alors qu’elles n’émettent que peu de CO2, devraient recevoir des compensations pour leurs efforts.
Le 15 octobre dernier, l’ONG Greenpeace saluait la décision du Chef de l’Etat congolais de suspendre toutes les concessions forestières douteuses : « la décision de son Excellence Monsieur le Président Tshisekedi (…) envoie un message important au peuple congolais et à son gouvernement (pour la préservation des forêts NDLR) ». En 2015 déjà, selon le Centre de recherche forestière internationale, le bassin du Congo (dont 60 % des forêts denses se trouvent en RDC) affichait un taux de déforestation relativement bas en comparaison à d’autres zones de la planète comme le Brésil. La RDC fait ainsi des efforts qui lui ont permis, sur les 3 800 000 hectares de forêts tropicales perdus en 2019 à l’échelle mondiale, de limiter sa part à 480 000 hectares, contre plus d’un million pour le géant d’Amérique du Sud.
Un réservoir à diversité et un poumon pour toute la planète
En RDC, qui fait partie de la liste des 10 pays abritant une « méga biodiversité », la préservation de la nature n’est pas seulement un enjeu national ou régional, mais bien mondial.
La forêt tropicale du bassin du Congo représente environ 10 % des forêts de la planète et plus de 47 % de celles de l’Afrique. Il s’agit d’un poumon pour le monde au même titre que l’Amazonie, avec 10 % du CO2 capté par les végétaux dans le monde. Mais la forêt est également une sanctuaire où 400 espèces de mammifères, 1 000 espèces d’oiseaux et 10 000 espèces de plantes (dont certaines endémiques) évoluent. Par ailleurs, selon l’ONG Global Forest Watch, la déforestation en RDC n’est bien souvent pas la conséquence d’un appétit financier, mais une nécessité, puisque l’essentiel des terrains perdus par la forêt se situent dans des zones d’agriculture qui nourrissent les populations locales.
Néanmoins, afin de préserver cet actif mondial, le pays a assaini sa filière bois avant de mettre en place une gestion forestière raisonnée. En 2012, la RDC a d’abord mis fin à l’exploitation illégale de la forêt et la décision du 15 octobre du président Tshisekedi vient réaffirmer son engagement en ce sens. Le pays entend inscrire la gestion de la forêt dans la durabilité, un souhait également matérialisé par la volonté du président d’adhérer à l’Alliance pour la Préservation des Forêts Tropicales, qui permet à ses membres de partager les bonnes pratiques en faveur de la transparence et de la traçabilité.
Des efforts qui méritent une compensation financière, selon Félix Tshisekedi
Président en exercice de l’Union africaine (UA), Félix Tshisekedi a plaidé, le 21 septembre devant l’Assemblée générale des Nations Unies, en faveur de compensations financières pour l’apport de l’Afrique et de son pays dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il a rappelé qu’il ne fallait pas « oublier l’impératif d’alléger la dette des pays africains et de matérialiser toutes les promesses faites à l’Afrique en compensation des sacrifices consentis afin de préserver l’humanité contre le réchauffement climatique ».
Si les États africains ne sont responsables que de 5 % des émissions mondiales de carbone, ils subissent de plein fouet les conséquences des activités humaines polluantes, concentrées dans les pays dits « du Nord ». Sécheresses, températures plus chaudes, inondations et invasion d’espèces qui détruisent les récoltes comme les criquets pèlerins au Kenya font peser de lourdes menaces sur la santé et les progrès du continent. Cela pourrait créer un cercle vicieux si les pays africains ne sont pas soutenus, comme à Madagascar où le dérèglement climatique a provoqué une famine et accéléré le phénomène de déforestation.
C’est ainsi avec l’objectif d’obtenir une reconnaissance du rôle de l’Afrique dans la lutte contre le réchauffement climatique à la COP 26 que Félix Tshisekedi entend préparer la conférence, qui se tiendra du 31 octobre au 12 novembre en Écosse.
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