Alors que le Canada subit une saison d’incendies dévastateurs, ceux-ci affectent directement l’autre côté de l’Atlantique sur deux plans : les vents amènent les fumées sur le territoire français et soulèvent une question cruciale : avons-nous tiré les leçons des feux qui ont dévasté nos forêts l’an dernier ? Avec le risque de sécheresse grandissant, les travaux forestiers se révèlent plus que jamais essentiels pour prévenir la propagation des flammes.
C’est une saison d’incendies hors norme que connaît actuellement le Canada, parcouru par des feux de forêt d’une ampleur inédite d’Est enu Ouest. Près de 6 millions d’hectares ont brûlé en 6 mois, soit une superficie 18 fois supérieure à la moyenne des dix dernières années, selon le gouvernement canadien. En cause,la sécheresse, l’absence de pluies depuis le début de l’année et des températures élevées qui favorisent l’apparition d’incendies. Les « méga-feux » qui sévissent outre-Atlantique rappellent les incendies qui ont ravagé, il y a un peu moins d’un an, plus de 60 000 hectares de forêts françaises – une surface 7,5 fois supérieure à la moyenne annuelle des 15 années précédentes. Des feux là aussi hors norme par leur intensité, leur vitesse de propagation et la surface calcinée.
« Tout faire pour ne plus être confronté à ces feux-là »
La question brûle désormais toutes les lèvres : la France a-t-elle retenu la leçon, alors que partout le risque de sécheresse point ? « On doit tout faire pour ne plus être confronté à ces feux-là, exhorte Brice Labarbe, adjudant-chef pompier en Gironde. [Les incendies de l’an dernier] nous [ont] fait toucher du doigt les conséquences du changement climatique. Si l’on ne change rien, il n’y a pas de raison pour que ça n’arrive plus dans les années futures », explique-t-il aux équipes de France 3 dans le documentaire “Les gardiens de la forêt des Landes”.
D’autant plus que la menace s’étend. Les massifs du Sud ne sont plus les seuls à risquer les coups de chaud. Dans la région Grand-Est en Bourgogne-Franche-Comté, les incendies ne sont plus une chimère. D’ailleurs, « la saison […] a déjà commencé de manière précoce, avec un gros incendie dans les Vosges au début du mois de juin. Ça nous promet une saison qui risque d’être intense », prévient Josiane Chevallier, préfète de la « zone de défense Est ».
Une capacité d’intervention rapide
L’été dernier, alors que s’étendaient les incendies dans les massifs de Gironde et des Landes, le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, Eric Brocardi, regrettait de ne pas avoir « beaucoup d’alliés, si ce n’est les citoyens et l’eau ». Parmi ces citoyens, les professionnels de la filière forêt-bois, qui connaissent parfaitement la forêt et ont appuyé tout au long des incendies les soldats du feu. En particulier les Entrepreneurs de Travaux Forestiers (ETF) qui se sont rapidement mobilisés pour éteindre les flammes : « Beaucoup d’entreprises de travaux forestiers et agricoles, des environs ou parfois lointaines étaient (…) en première ligne aux côtés du SDIS, de la DFCI, des élus locaux et de la filière forestière pour : empêcher les reprises de feu, surveiller les habitations évacuées, ravitailler les camions de pompiers, arroser les pistes et les abords des routes et renforcer et créer des pare-feux » explique Gérard Napias, président de l’Association des ETF Nouvelle-Aquitaine. Un « courage » et un « dévouement » salué par le président.
« La mécanisation dans le domaine forestier (…) nous permet d’avoir une capacité d’intervention rapide » précise Stéphane Viéban, directeur général de la Coopérative forestière girondine. Une rapidité dont n’a pas bénéficié la forêt usagère de La Teste-de-Buch où l’exploitation du bois, et donc sa coupe, sont interdites. Difficile d’accès, enchevêtrement d’arbres et donc de combustible… « La forêt usagère de La Teste-de-Buch était la crainte de tous les pompiers qui ont eu un jour à exercer là-bas, explique David Brunner, commandant sapeur-pompier de Gironde.
Les travaux forestiers, un moyen de prévention à part entière
Car en amont de ces interventions d’urgence, il est possible de limiter le risque de propagation des feux, en élaguant les arbres et arbustes, voire en éliminant les résidus de coupe. C’est le débroussaillage. « Le but de débroussailler la forêt, c’est de maintenir un état de propreté suffisant (…) on évite de donner de l’aliment au feu » explique Bernard Rablade
De quoi mettre en lumière l’importance de l’exploitation forestière et donc des travaux forestiers : « La forêt cultivée est travaillée pour être à la fois productive et beaucoup moins sensible au feu. Elle est débroussaillée et accessible », explique Stéphane Viéban.
Pour autant, les seuls travaux forestiers ne sont pas suffisants pour lutter efficacement contre les incendies. Sylviculteurs et pompiers s’accordent ainsi sur le besoin d’équipements supplémentaires, et plus particulièrement de Canadair. Une requête entendue par le président de la République, Emmanuel Macron, qui a annoncé l’ajout de 4 canadairs supplémentaires d’ici 2027.
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