La pollution plastique demeure un enjeu environnemental critique à l’échelle mondiale. Selon une étude récente publiée dans la revue Nature Geoscience, entre 470 et 540 milliers de tonnes de plastique finissent dans les océans chaque année. Bien que ce chiffre soit considérablement inférieur aux estimations précédentes de 4 à 12 millions de tonnes, il révèle une réalité alarmante : les débris plastiques sont plus durables et résistants dans l’eau que prévu. Romain Troublé, directeur général de Tara Océan et co-auteur de l’étude, souligne que « le plastique ne part pas, il ne coule pas, il ne se dégrade pas si vite en microplastique » (BFMTV). Cette situation souligne l’importance cruciale de trouver des alternatives durables et écologiques. Parmi celles-ci, l’emballage en bois apparaît comme une option prometteuse.
Aussi nécessaire que décrié, l’emballage est, plus que jamais, au cœur du débat public. En témoigne la constante évolution des règles qui l’entourent, notamment la réglementation européenne qui accroît l’attention portée à l’hygiène ; ou encore le renforcement, tant en nombre qu’en intensité, des contrôles en matière d’hygiène alimentaire : en France, une nouvelle « police de la sécurité alimentaire », née de la fusion de la direction générale de la concurrence (DGCCRF) et de la direction générale de l’alimentation (DGAL), devrait à partir du 1er janvier prochain augmenter significativement (+80%) le nombre de contrôles par les agents de l’Etat, nombre qui devrait atteindre 100 000 contrôles par an.
Enfin, les consommateurs ne sont pas en reste, eux qui se montrent de plus en plus attentifs à ce qu’ils achètent et dont la parole est, aujourd’hui, abondamment relayée sur les réseaux sociaux. Alors que les préoccupations environnementales gagnent du terrain dans la société, se pose aussi avec une acuité aigüe la question de la gestion des déchets liés aux emballages : choix des matières premières, recyclabilité, coût environnemental de leur production, etc. Autant d’enjeux qui affectent, négativement ou positivement, l’image des emballages et des entreprises qui les produisent ou les utilisent.
Le bois, un emballage sain et écolo
Dans un secteur où le plastique règne en maître depuis plusieurs décennies, l’emballage bois représente une alternative saine, économique et écoresponsable. En effet, selon Le Syndicat des Industriels Français de l’Emballage Léger en bois (SIEL), le bois possède tout d’abord de vrais atouts en matière d’hygiène et de sécurité alimentaires : il est naturellement résistant aux agents pathogènes, il affiche des propriétés antibactériennes.
Le consortium scientifique Emabois avait d’ailleurs mis en lumière dès 2015, dans son étude « Emballage bois pour le 21e siècle », le taux de transfert de microorganismes des emballages bois vers les aliments, particulièrement faible, bien plus faible que pour le plastique et le verre. Selon l’étude, seules 0,20 % des bactéries présentes au départ sur l’emballage bois sont retrouvées dans les aliments qu’il contient, contre 0,40 % pour le plastique et 2,40 % pour le verre, et ce quelle que soit l’essence de bois utilisée. Le bois a de plus un impact positif sur la population microbienne : sa porosité permet de piéger les microorganismes empêchant leur survie et leur multiplication, et son anatomie permet un dessèchement des microorganismes. Toujours selon l’étude, après 24 heures de contact avec le bois, la population microbienne est ainsi divisée par 20, et plus, jusqu’à 200 !
Grâce à ces propriétés, le bois réduit même les risques de contamination croisée entre aliments. Il absorbe, limite, l’humidité contenue dans les aliments ou l’air ambiant : ce n’est pas pour rien que les huîtres, par exemple, sont vendues dans des contenants en bois.
Le SIEL a produit en 2022 une « Fiche hygiène » afin de transmettre les résultats de ces études, particulièrement aux services vétérinaires et au monde de la restauration et de la restauration collective, qui avaient du bois une image dégradée issue de pratiques logistiques dégradées aujourd’hui révolues.
Véritable star de la transition écologique, le bois peut aussi et surtout faire valoir un certain nombre d’atouts environnementaux quand il est utilisé pour emballer des aliments. Cela va de soi, mais l’impact écologique du bois est nettement inférieur à celui des emballages plastiques : le bois émet moins de gaz polluants, il est biodégradable et renouvelable, contribuant à l’économie circulaire. En d’autres termes, si on s’alarme, à juste raison, de l’extension sans fin du « continent de plastique » dans les océans, le jour est encore loin – et pour cause – où l’on s’inquiètera d’un « continent de bois » dérivant sur les mers.
Les atouts économiques du bois
Sans rationalité économique, pas de transition qui tienne. Or, au contraire des emballages plastiques ayant recours à des ressources fossiles, en stock non extensible, le bois est une ressource renouvelable ; dans les conditions d’une gestion forestière durable, l’approvisionnement en bois peut être maintenu à long terme, avec peu de volatilité des coûts et des délais de livraisons. De même, le caractère réparable et réemployable des emballages en bois, et notamment des palettes et caisses palettes, réduit les coûts de remplacement. Quant aux coûts et défis liés aux déchets plastiques, ils sont avantageusement remplacés par une excellente gestion de la fin de vie du bois, dont le recyclage, la valorisation énergétique ou le compostage, autant de formes vertueuses de réutilisation de la matière usagée, dans des filières autonomes économiquement.
L’emballage bois favorise aussi la production locale, à des prix compétitifs : dans l’Hexagone, où 91 % des ventes du secteur français sont réalisées, un emballage bois sur deux parcourt ainsi moins de 100 kilomètres, selon l’étude menée en collaboration par le Syndicat des Industriels Français de l’Emballage Léger en bois (SIEL), le Syndicat de l’Emballage Industriel et de la Logistique Associée (SEILA), et la Fédération Nationale du Bois (FNB).
Rien d’étonnant quand on sait que, dans notre pays, la surface boisée a doublé en deux siècles, atteignant aujourd’hui plus de 17 millions d’hectares et couvrant plus d’un tiers du territoire métropolitain. Une véritable fierté franco-française qui doit beaucoup au patient travail des forestiers ; et autant de ressources locales abondantes qui par leur proximité réduisent les coûts de transport, les délais de livraison et les émissions de CO2 associées aux longues chaînes d’approvisionnement. Des conditions optimales qui font de la France le premier pays producteur d’emballage bois de l’Union européenne (Insee).
Enfin, l’emballage bois peut aussi se prévaloir d’une flexibilité de conception, les technologies modernes (découpe laser, logiciel de dimensionnement pour optimiser la matière première consommée etc.) permettant des économies d’échelle et une optimisation de la logistique. La résistance naturelle du bois permet aussi une plus longue durée de conservation aux aliments, ce qui réduit les coûts liés à leur détérioration.
Supprimer les emballages, mission impossible ?
Enfin, présenter un emballage bois est un gros « plus » en termes d’image de marque, à l’heure où les consommateurs se montrent de plus en plus exigeants vis-à-vis de l’empreinte environnementale de ce qu’ils achètent. Car si l’emballage a mauvaise presse et pose de vrais défis pour l’avenir de la planète, il n’en demeure pas moins indispensable et irremplaçable pour garantir des systèmes alimentaires durables, sûrs, hygiéniques – et, en ces temps d’inflation galopante, aussi peu chers que possible. La question n’est donc pas tant de savoir s’il faut, ou non, supprimer tous les emballages alimentaires : c’est impossible ; mais bien de savoir quel emballage est le plus adapté et le moins impactant sur l’environnement. Et à ce jeu, le bois répond aux attentes d’aujourd’hui et de demain.
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