En 2019, la dégradation de la qualité de l’air en Inde a généré des coûts estimés à 96 milliards de dollars, selon une analyse de Dalberg. Ces dépenses incluent 6 milliards liés à l’absentéisme, 24 milliards en pertes de productivité, 22 milliards à cause de la diminution de la consommation, et 44 milliards pour les décès prématurés. Ces impacts représentent environ 3 % du PIB annuel indien, soit plus de deux fois les investissements nationaux dans la santé.
Une menace pour la santé et l’économie
À New Delhi, la capitale indienne, les effets de la pollution sont particulièrement visibles. Avec une population de 30 millions d’habitants, la ville est recouverte toute l’année d’un épais brouillard provenant des émissions industrielles et des gaz d’échappement. En hiver, les fumées des feux agricoles dans les zones rurales environnantes aggravent la situation, entraînant des niveaux de particules fines bien au-delà des seuils de sécurité internationaux. Les conséquences sont nombreuses : écoles fermées, travaux suspendus, circulation alternée, ou télétravail encouragé.
Ces perturbations affectent directement l’économie. « Chaque interruption hivernale retarde nos chantiers et fait exploser les coûts », déplore Sanjeev Bansal, membre de l’Association des constructeurs indiens. Bhargav Krishna, chercheur au sein du Sustainable Futures Collaborative, confirme : « Les impacts économiques s’accumulent, entre journées de travail perdues, maladies chroniques et décès prématurés. »
Une facture difficile à ignorer
En 2019, la pollution atmosphérique a été responsable de 18 % des décès enregistrés en Inde, selon Dalberg. Une autre étude, publiée dans The Lancet, attribue 1,67 million de morts à la mauvaise qualité de l’air cette même année. Les pertes économiques pour New Delhi seule ont été évaluées à 6 % de son PIB annuel.
Le secteur des services, comme la restauration, est aussi affecté. « Quand les habitants évitent de sortir pour préserver leur santé, nos activités en souffrent directement », souligne Anand Goyle, représentant de l’Association nationale des restaurateurs.
Un frein pour le tourisme et la croissance
La pollution, qui s’aggrave avec la chute des températures, coïncide avec la reprise du tourisme hivernal. Cependant, l’image de la capitale, souvent classée parmi les villes les plus polluées du monde, inquiète les visiteurs. Rajiv Mehra, président de l’Association indienne des voyagistes, s’en alarme : « Le brouillard toxique de New Delhi nuit gravement à la réputation du pays. »
La Banque mondiale a également mis en lumière les conséquences macroéconomiques de cette crise. Selon ses estimations, le PIB indien aurait pu être supérieur de 4,51 % en 2023 si le pays avait réussi à réduire de moitié les niveaux de pollution depuis 25 ans.
Une crise durable
Malgré plusieurs initiatives, les efforts pour contrer cette situation demeurent insuffisants, faute de moyens et d’une volonté politique forte. Les projections pour l’avenir restent pessimistes. Avec une population vieillissante, les coûts liés à la pollution, notamment en termes de mortalité, risquent d’augmenter encore dans les prochaines décennies.
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