Dans un Vietnam où les deux-roues dominent les rues bondées, l’urgence de réduire la pollution atmosphérique pousse le pays à accélérer la transition vers l’électrique.
À Hanoï, Phung Khac Trung, un jeune chauffeur de moto-taxi, zigzague sur son scooter électrique pour éviter les gaz d’échappement omniprésents. « Quand je m’arrête aux intersections, l’odeur de l’essence est insupportable », confie-t-il.
Les deux-roues représentent 85 % du trafic routier au Vietnam, mais les autorités espèrent changer cette dynamique. Conscient des impacts du smog persistant sur la santé publique, le gouvernement ambitionne qu’un quart des 77 millions de scooters et motos enregistrés dans le pays soit électrique d’ici 2030. Ce chiffre reste ambitieux, car en 2023, seuls 9 % des ventes concernaient des modèles électriques, même si cette tendance est en hausse.
L’électrification semble séduire la jeunesse vietnamienne. Selon Truong Thi My Thanh, spécialiste des transports, 80 % des propriétaires de deux-roues électriques sont des étudiants attirés par des coûts de fonctionnement réduit. Environ 500 dollars suffisent pour acquérir un modèle d’entrée de gamme.
Cependant, cette transition se heurte à des obstacles. Pour Tran Thi Hoa, vendeuse de fruits, les motos à essence restent plus pratiques : faire le plein prend quelques minutes, alors que recharger une batterie nécessite des heures. Les craintes liées aux incendies causés par des défaillances électriques alimentent également la méfiance, notamment dans les logements où les normes de sécurité ne sont pas toujours respectées.
Pour répondre à ces défis, des entreprises vietnamiennes innovent. VinFast, constructeur national, a déployé près de 150 000 bornes de recharge à travers le pays. Parallèlement, la start-up Selex propose des stations d’échange de batteries, une solution qui réduit le temps d’attente des utilisateurs. Ces initiatives visent aussi les professionnels : Selex collabore avec des entreprises de livraison comme DHL Express, tandis que VinFast équipe une flotte de taxis électriques.
Truong Thi My Thanh estime que le gouvernement doit adopter des politiques globales, incluant le développement des transports en commun. La Banque mondiale recommande également des aides à l’achat et des investissements massifs dans les infrastructures électriques, estimés à plusieurs milliards de dollars.
L’électrification des deux-roues s’inscrit dans l’objectif du Vietnam d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Mais pour ce pays encore dépendant des énergies fossiles, la route vers un avenir plus propre sera semée d’embûches.
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