La Suisse rejette une initiative pour une économie respectant les limites planétaires

Le 9 février dernier, les citoyens suisses ont rejeté à une large majorité une initiative visant à inscrire dans la Constitution le respect des limites naturelles de la planète pour encadrer l’économie. Cette proposition émanait des écologistes et était soutenue par les partis de gauche. Le texte a été rejeté par plus de 70,5 % des votants, selon les chiffres provisoires publiés à 14h45 par les autorités fédérales via l’application VoteInfo. Tous les cantons ont majoritairement voté contre cette initiative.

Cette consultation populaire marquait une première mondiale, comme l’avait souligné l’économiste Timothée Parrique, qui considérait cette proposition comme une opportunité pour un pays entier de voter sur l’intégration des limites biophysiques dans la gestion économique. L’initiative, lancée par le parti des Jeunes Vert-e-x-s et soutenue par divers mouvements écologistes, prévoyait une transition vers une économie où la consommation de ressources et les rejets de polluants resteraient dans des seuils tolérables pour l’environnement. L’ONG Greenpeace, partisane du projet, mettait en avant l’objectif de réaliser cette transformation en une décennie.

Cependant, le texte a suscité une opposition ferme de la part du gouvernement fédéral, des partis conservateurs et des milieux économiques. Ces derniers considéraient que les mesures actuelles de lutte contre le changement climatique étaient suffisantes. Le Centre, un parti de centre-droit, a salué la victoire du « non », estimant que les exigences et délais imposés par l’initiative auraient été trop contraignants et préjudiciables à l’économie et à la société.

Ce vote intervient dans un contexte où la Suisse a été condamnée en avril 2024 par la Cour européenne des droits de l’homme pour inaction face au changement climatique. Cette condamnation faisait suite à une plainte déposée par une association de femmes âgées, mettant en avant les conséquences de l’inaction climatique sur la santé et les droits fondamentaux. Il s’agit de la première fois qu’un État était sanctionné par cette instance pour insuffisance d’initiatives face à la crise environnementale.

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